Baisse du niveau dans l'enseignement supérieur : la suppression de l’examen d’État n’est pas une solution

Mardi 26 Juin 2018 - 17:20

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L'affirmation est du président de l'Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho), Me Jean-Claude Katende, qui, contredisant le ministre de tutelle, Steve Mbikayi, a estimé que les maux qui rongent le secteur dans le pays sont identifiés et le mal doit être combattu à la racine.

 Sur les réseaux sociaux, le président de l'Asadho  a remonté, le 26 juin, les bretelles au ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU) qui aurait préconisé la suppression de l’examen d’État pour pallier la baisse du niveau de l’enseignement en République démocratique du Congo (RDC). Pour ce juriste dont les propos ont été soutenus et complétés par d’autres intervenants sur le réseau social, la déclaration du ministre de l’ESU montre qu’il « ne comprend pas que la suppression de l’examen d’État n’est pas la solution à la baisse du niveau intellectuel des élèves finalistes des humanités ».

Le ministre Steve Mbikayi aurait, en effet, déclaré : « Cela fait cinq ans que je plaide pour la suppression de l’examen d’État. La fraude a vidé le diplôme qui le sanctionne de toute sa substance. 80% de détenteurs de ce papier ne le méritent pas. Scandaleux ! Il faudra que chaque établissement délivre son diplôme et qu’un test d’entrée soit organisé pour accéder à l’université. Face à ce test, chaque candidat se défend sur la base des connaissances acquises sans l’accompagnement de son école secondaire ».

Réagissant à cette déclaration, le président de l’Asadho a noté que le niveau des élèves de l’école secondaire a baissé à cause de la corruption généralisée dans les écoles privées et officielles, du niveau des enseignants qui est également en baisse ainsi que la commercialisation des études. « Les écoles sont devenues un véritable commerce. Le souci de former les élèves a disparu », a-t-il regretté.

 Me Jean-Claude Katende soutient que la résolution de ce problème passe obligatoirement par la mise en place d’un véritable programme de lutte contre la corruption dans les milieux scolaires, le renvoi de tous les enseignants qui n’ont pas été formés, la sanction des responsables des écoles qui ne poursuivent que le lucre et la fermeture de ce type d’écoles. Le juriste préconise également le renvoi de tous les inspecteurs véreux et corrompus qui sont à la base de la médiocrité dans les écoles. « La suppression de l’examen d’État n’est pas une solution », a-t-il insisté.

De vives réactions des Congolais

Ce post a suscité beaucoup de réactions dont aucune d'elles n’a soutenu la proposition du ministre de l’ESU. Un intervenant a fait remarquer, d'ailleurs, que la proposition de la délivrance des diplômes par les écoles va plutôt empirer la situation car ces établissements devenus désormais autonomes risquent de délivrer des diplômes d’une manière complaisante, comme ils le font avec des enseignements et les documents, bulletins, qui les sanctionnent. « Le problème est ailleurs et demande beaucoup plus de réformes et de remise en question », a-t-il souligné.

Un autre s’est demandé si l’enseignement était la priorité de l’État congolais, se posant également la question sur l’environnement dans lequel les cours se donnent ainsi que sur le traitement des enseignants. « Comment l’État congolais traite-t-il les enseignants ? Est-ce de la responsabilité des parents ou des élèves ? », s'est-il interrogé, notant que les enfants d’aujourd’hui étaient des « victimes expiatoires de ce genre de dirigeants ».

Faisant constater que cette déclaration du ministre Steve Mbikayi était une pure distraction, cet intervenant a ajouté que les examens d’État n’avaient rien à voir dans la médiocrité décriée, étant donné qu’aucun élève n’a jamais composé ni corrigé les questionnaires de ces examens. « Les interminables grèves des enseignants sont-elles dues au bas niveau des étudiants ? », s’est-il enquis.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: Jean-Claude Katende et Steve Mbikayi

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