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Bassin du Congo : un bilan 2018 en demi-teinte mais demain ?

Samedi 15 Décembre 2018 - 18:48

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Le moins que l’on puisse dire, en cette fin d’année 2018, est que l’Afrique centrale dans son ensemble n’aura pas tiré un réel profit des douze mois dont nous vivons les dernières semaines. De la reprise des troubles en Centrafrique à l’incertitude politique qui s’aggrave de minute en minute en République démocratique du Congo, en passant par le mal qui frappe Ali Bongo Ondimba du Gabon, par la révolte de la minorité anglophone au Cameroun, par les tensions qui marquent le retrait de José Eduardo dos Santos en Angola, la liste est longue des problèmes qui n’ont pas été résolus dans cette partie du continent et qui pèseront certainement sur l’année 2019.  

Ceci étant dit, il n’en demeure pas moins que le Bassin du Congo, région des Grands Lacs comprise, est de plus en plus perçu, de l’extérieur, comme l’une des parties du monde dont il convient d’observer l’évolution avec la plus grande attention. Que ceux qui en doutent lisent ce qui est écrit chaque jour dans les colonnes de nos deux quotidiens, Les Dépêches de Brazzaville et Le Courrier de Kinshasa. Ils verront, en effet, que pas une journée ne passe désormais sans que les puissances extérieures au continent manifestent de façon très concrète l’intérêt qu’elles portent à l’Afrique centrale pour des raisons économiques, certes, mais surtout stratégiques au sens le plus large du  terme.

Trois raisons fondamentales expliquent pourquoi, trop longtemps ignorée ou plus exactement sous-estimée, cette partie du continent devient aujourd’hui l’une des régions de la planète avec laquelle il convient de coopérer.

° La première raison est d’ordre géographique : s’étendant sur plus de quatre millions de kilomètres carrés, cette partie de l’Afrique est de très loin la plus riche potentiellement du continent. Dès qu’elle sera parvenue à régler les divisions politiques, ethniques, religieuses ou autres qui freinent son émergence et qu’elle aura su créer un marché régional ouvert, concurrentiel, elle verra sa croissance s’accélérer au point d’en faire l’une des régions les plus riches du monde. C’est très précisément le pari que font aujourd’hui la Chine, les Etats-Unis, la Russie, l’Inde, l’Europe.

° La deuxième raison est l’extraordinaire vitalité de sa population. Forte,  aujourd’hui, de près de trois cents millions d’êtres humains, l’Afrique centrale en comptera plus du double à échéance de cinquante ans qui s’emploieront à tirer profit des gigantesques ressources naturelles – agricoles notamment – qui les entourent et qui sont encore très largement inexploitées. Une population jeune, ambitieuse, volontaire, ouverte sur le monde qui maîtrisera parfaitement les nouvelles technologies et qui, de ce fait, parviendra à résoudre les problèmes nés pour une large part de la colonisation en raison des barrières artificielles que celle-ci avait élevées entre les peuples.

° La troisième raison est d’ordre culturel, au sens le plus large du terme. Plus grande communauté francophone du globe, plus nombreuse communauté chrétienne du monde, le Bassin du Congo a su préserver jusqu’à présent les coutumes et les traditions héritées des siècles, des millénaires précédents. Au-delà de ses divisions présentes, elle a, de ce fait, une unité profonde fondée sur la nature qui l’entoure. L’immense Bassin du Congo, construit autour du second fleuve le plus puissant de la planète, sera à coup sûr, demain, l’une des artères les plus vivantes parce que la plus empruntée de la Terre.

Disons-le sans l’ombre d’un doute : contrairement aux apparences, toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour que l’Afrique centrale franchisse, dans les mois et les années à venir, un bond en avant tout aussi puissant que ceux  effectués avant-hier par  l’Europe et hier par la Chine. Seule lui manque encore la volonté politique de s’unir. Mais des signaux forts ont été envoyés ces derniers mois à la communauté internationale, notamment par les autorités de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs,  qui laissent bien  augurer de l’avenir.

2019 pourrait nous réserver quelques bonnes surprises dans ce domaine.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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