Burkina : Ouagadougou reçoit des messages de solidarité après les attaques de Noël

Jeudi 26 Décembre 2019 - 15:00

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Les attaques terroristes qui ont fait plus d’une cinquantaine de morts, le 25 décembre, dans la partie nord, les pires dans le pays depuis cinq ans, ont plongé la nation dans le deuil, et suscité des réactions, entre autres du pape François et de l’ONU.

Trente-cinq civils, dont 31 femmes, et sept militaires (quatre soldats et trois gendarmes) ont été tués dans une première attaque armée non revendiquée, menée à Arbinda, près de la frontière malienne, qui a visé à la fois le détachement militaire et la population civile.

Le soir du même jour, des sources sécuritaires ont rapporté qu’une nouvelle attaque s’était produite dans la même région, à une soixantaine de kilomètres, une embuscade dans laquelle « une dizaine de militaires » ont péri.

« Une patrouille du détachement militaire de Namssiguia a été attaquée dans la nuit de mardi à mercredi » et « une dizaine de militaires ont été tués dans cette embuscade qui a eu lieu à Hallalé », localité située près de Tongomael, dans la province du Soum, selon une source sécuritaire.

A Arbinda mardi, la riposte militaire avait permis de tuer « 80 terroristes », selon l’état-major des armées burkinabè, et de saisir aux djihadistes en fuite « une centaine de motos, de l’armement et des munitions en grande quantité ».

Cette attaque avait été menée « aux environs de six heures du matin par plus de 200 individus lourdement armés, à bord de pick-up et de motocyclettes. Les échanges de tirs ont été vraiment intenses et ont duré près de trois heures. C’est le soutien aérien qui a permis de repousser l’attaque », a expliqué une source sécuritaire.

« Pendant que le détachement (militaire) essuyait des tirs nourris, un autre groupe d’individus armés s’en est pris aux populations civiles, majoritairement des femmes, dont des personnes déplacées qui avaient trouvé refuge à Arbinda », a précisé une autre source sécuritaire.

La commune rurale d’Arbinda, située à 90 km de Djibo, chef-lieu de la province du Soum, et sa région ont régulièrement été frappées cette année par des attaques terroristes, visant aussi bien les civils que les forces de l’ordre.

Début avril, 62 personnes avaient été tuées en trois jours lors d’attaques djihadistes suivies d’affrontements intercommunautaires dans la commune.

Le chef de l’Etat burkinabé reproché pour son manque de poigne

Le président burkinabè Roch Kaboré en personne, à qui a souvent été reproché son manque de poigne face aux groupes djihadistes, avait annoncé mardi soir sur Twitter le macabre bilan de cette « attaque barbare ».

Six civils et une vingtaine de soldats ont été blessés, a précisé le ministre de la communication Remis Dandjinou.

Le président Kaboré a décrété 48 heures de deuil national, mercredi et jeudi, en hommage aux victimes de l’attaque, la pire qu’a connue le Burkina depuis le début des violences terroristes il y a cinq ans.

Ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest est confronté à une multiplication des attaques djihadistes, comme ses voisins sahéliens le Mali et le Niger, et ne parvient pas à enrayer la spirale de violences.

Début novembre, 40 employés d’une société minière avaient été massacrés lors de l’attaque de leur convoi dans l’Est du pays.

Le Burkina a reçu plusieurs messages de soutien, dont celui du Pape.

François a dénoncé dans son traditionnel message de Noël les agissements « des groupes extrémistes sur le continent africain, surtout au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Nigeria ».

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « condamne fermement l’attaque perpétrée le 24 décembre par des individus armés non identifiés à Arbinda » et « transmet la solidarité des Nations Unies au peuple burkinabé », a-t-il indiqué dans un communiqué.

« Inates au Niger hier, Arbinda au Burkina Faso aujourd’hui... Villes martyres, victimes d’un terrorisme rampant qui nous menace tous. L’Union européenne est aux côtés de l’Afrique dans son combat contre le terrorisme », a tweeté le président du Conseil européen Charles Michel.

Le président du Niger Mahamadou Issoufou, dont le pays vient de subir une terrible attaque de jihadistes à Inates (71 soldats tués), a fait part sur Twitter de sa « solidarité » et présenté ses condoléances.

Le Nord et l’Est du pays particulièrement touchés

Depuis 2015, les attaques djihadistes au Burkina ont fait près de 750 morts et environ 560.000 déplacés et réfugiés, d’après l’ONU.

Le Nord et l’Est du pays sont particulièrement touchés. Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises.

Ces attaques sont rarement revendiquées mais attribuées à des groupes armés djihadistes, certains affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique.

Les forces de l’ordre burkinabè, qui paient un lourd tribut, sont sous-équipées et mal entraînées. Elles ont cependant revendiqué une série de succès depuis deux mois, affirmant avoir tué une centaine de djihadistes au cours de plusieurs opérations.

Cinq Etats sahéliens (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) qui tentent depuis 2015 de mettre sur pied une force militaire conjointe de 5.000 soldats, ont appelé mi-décembre la communauté internationale à les soutenir davantage.

Et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a adopté le 21 décembre un « plan d’action » d’un milliard de dollars sur cinq ans pour lutter contre le terrorisme, aux contours cependant flous.

Malgré la présence de forces françaises (4.500 soldats de l’opération Barkhane), de l’ONU (Minusma au Mali, 13.000 hommes), ainsi que de forces américaines, les pays sahéliens subissent des attaques jihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières, depuis les premières violences dans le nord du Mali en 2012.

La France a convié les cinq Etats sahéliens à un sommet en janvier pour « redéfinir plus clairement les objectifs militaires, politiques et de développement » de la lutte commune contre les groupes djihadistes, selon le président Emmanuel Macron, qui estime ambiguë l’attitude des présidents burkinabé et malien au sujet de la présence des soldats français, critiquée par une partie de l’opinion publique de ces deux pays.

Nestor N'Gampoula et AFP

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