Business en Afrique : l’État affaiblit les entrepreneurs locaux

Mardi 5 Juillet 2016 - 13:55

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En dépit du contexte d’essoufflement des croissances économiques de la région, les prochaines années pourraient être déterminantes pour l’entrepreneuriat africain. Une enquête réalisée auprès de cent cinquante dirigeants d’entreprises d’Afrique par le cabinet conseil Pricewaterhousecoopers (PwC) confirme un état d’esprit plutôt optimiste sur fond d’inquiétude. Les patrons ne s’inquiètent pas seulement des perspectives mondiales peu prometteuses mais aussi de l’absence de collaboration et de clairvoyance de l’État dans les domaines sous son contrôle, notamment le taux de change et la fiscalité.

Les questions abordées dans cette étude conduite entre novembre 2015 et avril 2016, donc en pleine crise des matières premières, révèlent les sentiments confus au sein de l’entrepreneuriat africain. En effet, bien des éléments vont continuer à affecter la rentabilité d’une entreprise. Comme le soutient l’enquête, il s’agit souvent des éléments échappant totalement au contrôle du monde patronal. Le tout premier épinglé par les entrepreneurs africains concerne les domaines gérés par l’État. 92 % des dirigeants déplorent la volatilité du taux de change pour ses effets dévastateurs sur la santé financière d’une entreprise. Par ailleurs, les réponses des gouvernements africains aux déficits budgétaire et fiscal ainsi que l’accumulation de la dette publique constituent également des motifs d’inquiétude pour 90 % des patrons interrogés. L’enquête révèle aussi que 84 % des questionnés craignent une hausse des impôts, 80 % l’instabilité politique, 79 % le chômage galopant, 79 % les réglementations rigoureuses, 77 % les infrastructures inadéquates et 75 % les incertitudes géopolitiques.

Les raisons d’espérer

66 % des patrons pensent que la conjoncture économique mondiale ne va pas s’améliorer au cours de la prochaine année. Pour autant, l’Afrique reste une terre d’opportunités. C’est en tout cas l’avis de 78 % des interrogés qui mettent en avant plan les opportunités de croissance qui se présenteront dans la région au cours des 12 prochains mois. Une forte proportion des patrons plutôt « optimistes » croient que les trois prochaines années seront déterminantes pour leurs entreprises. Mais il leur faudra d’abord mettre en œuvre des stratégies de croissance adéquates pour réaliser les performances attendues. Et c’est le bon moment d’y songer. En effet, les économies de la région ont enregistré, pour la plupart d’entre elles, une longue période de croissance positive. Si 56 % projettent d’établir des alliances stratégiques durant les 12 prochains mois, 26 % penchent plutôt pour des fusions - acquisitions domestiques et 16 % pour des fusions – acquisitions impliquant des entreprises étrangères. Néanmoins, il est difficile d’espérer lancer des stratégies adaptées aux entreprises africaines sans passer par une meilleure maitrise des tendances mondiales. Aussi les patrons africains veulent-ils mettre en œuvre des nouvelles politiques qui prennent en compte les avancées technologiques, la légère décrispation de la croissance économique mondiale, la rareté des ressources naturelles, le changement climatique, la croissance démographique et l’urbanisation. Une équation qui s’avère plutôt complexe.

 

Laurent Essolomwa

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