Cameroun anglophone : la médiation de l’Eglise catholique appelée de tous les vœux

Jeudi 26 Avril 2018 - 12:30

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Le centre d’analyses géopolitiques International Crisis Group (ICG) figure parmi les institutions et autres organisations qui veulent que le clergé agisse sans plus tarder pour résoudre la crise qui touche  les régions nord-ouest et sud-ouest du pays.

Dans un rapport rendu public le 26 avril, l’ICG insiste pour l'implication du clergé catholique. « Etant donné l’opposition de Yaoundé à toute médiation internationale, l’Eglise catholique est quasiment le seul acteur en mesure d’intervenir et de promouvoir le dialogue entre le gouvernement et les régions anglophones », écrit le centre dans ce document intitulé « La crise anglophone au Cameroun : comment l’Eglise catholique peut pousser au dialogue ».

Le texte dit craindre que la situation empire dans les régions anglophones et en appelle au sens des responsabilités de tous. Les mêmes craintes ont été émises par le parti d’opposition Social democratic front qui a estimé, le 21 avril, que cette grave crise socio-économique a « dégénéré en guerre civile ouverte ».

« Le risque que la crise anglophone au Cameroun se transforme en guerre civile s’accroît considérablement », souligne l’ICG. « Hormis le clergé catholique, les médiateurs potentiels sont rares. Si personne ne prend cette responsabilité, le sentiment séparatiste déjà exprimé par de nombreux anglophones va continuer à progresser, ce qui va intensifier la violence et exacerber l’insurrection actuelle dans les régions anglophones, alors que des élections sont prévues en 2018 », prévient le rapport.

Alors que l’Eglise représente près d’un tiers de la population camerounaise, le centre d’analyses déplore les « positions divergentes » de celle-ci sur la question anglophone et l’invite à « surmonter ses divisions et afficher sa neutralité ».

L’ICG souhaite que l’Eglise catholique se prononce le plus rapidement possible pour assurer la médiation dans la crise puisqu’elle sévit dans le pays depuis trois mois, dans les deux régions anglophones du Cameroun (nord-ouest et sud-ouest) qui représentent 20% de la population du pays. Depuis lors, les groupes séparatistes armés multiplient les actions violentes contre des symboles de l’Etat (attaques de gendarmerie, enlèvements de fonctionnaires, accrochages avec l’armée).

La crise dans le Cameroun anglophone a déjà fait trente-et-un morts parmi les forces de sécurité, depuis fin 2017, selon des sources concordantes mais d’autres observateurs à Yaoundé évoquent un bilan plus élevé alors que l’ICG fait état de quarante-trois soldats tués. Quant au nombre de séparatistes ou de civils tués, il reste toujours inconnu. Et la population des deux régions anglophones, prise entre deux feux, fait face à des besoins humanitaires grandissants dans des zones très difficiles d’accès pour les ONG, selon l’ICG.

Le document de l’ICG sur la crise dans le Cameroun anglophone n’est pas le tout premier du genre. En octobre 2017, le gouvernement camerounais avait accusé ce centre de recherche et d’analyses basé à Bruxelles et à Washington de « déstabilisation », après un rapport dénonçant « une répression meurtrière » et un risque « d’insurrection armée » dans les régions anglophones du pays.

Nestor N'Gampoula

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