Céni : le fichier électoral actualisé ravive le débat

Mardi 28 Juillet 2015 - 17:45

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Pour l’opposition RD-congolaise, la seule alternative qui reste pour remédier aux faiblesses contenues dans ce répertoire de la Céni, c’est de procéder à l’enrôlement de tous les électeurs afin de permettre l’établissement d’un fichier électoral réaliste et transparent, gage d’élections paisibles et transparentes.

La chronique politique reste encore dominée en RDC par la polémique au sujet du fichier électoral. Ce préalable majeur à l’organisation des élections voulues crédibles souffre de contestation au risque de décrédibiliser le processus électoral dans son ensemble. De plus en plus des voix s’élèvent pour exiger une refonte dudit fichier avec l’incorporation des nouveaux majeurs depuis mars 2011. Le fait que la Céni ait ignoré cette frange importante de la population congolaise dans son fichier actualisé fixant le nombre d’électeurs à 30 682 599, constitue le nœud du problème. Dans l’opposition, l’indignation est à son comble. L’on ne s’explique pas, en effet, que des Congolais ayant atteint l’âge de voter soient privés de leur droit légitime d’élire leurs représentants dans les institutions du pays.

Ces nouveaux majeurs ont trouvé des défenseurs tant dans la Majorité que dans l’Opposition où des positions convergent sur la nécessité de leur permettre d‘exercer leur droit de vote. Le fait de les placer hors circuit électoral constitue un danger dont les conséquences risqueront d’être fâcheuses pour la suite du processus électoral, estime-t-on. À ce sujet, l’opposition n’arrête de multiplier des mises en garde à l’endroit du gouvernement qui tient mordicus à organiser d’ici octobre 2015 les élections locales, urbaines et communales sur base des données actuellement disponibles, sans impliquer les nouveaux majeurs. Christophe Lutundula, un des cadres de la Majorité, est monté dernièrement au créneau pour s’opposer au processus d’adoption du projet de loi sur la répartition des sièges par circonscription électorale avant toute actualisation du fichier électoral. En fait, pour cet acteur politique, la fiabilisation du fichier électoral demeure le gage des élections réellement transparentes et démocratiques.

Le bagout des opposants rejoints dans leur prise de position par certains membres de la majorité a fini par faire revenir à la raison les inconditionnels des élections hic et nunc. Car, lors de l‘examen en seconde lecture de la loi portant répartition des sièges, le gouvernement - par le biais du vice-premier ministre et ministre en charge de l’intérieur et sécurité, a fini par admettre l’impératif lié à la participation au vote des nouveaux majeurs. La recette proposée par Evariste Boshab pour contourner la difficulté consiste à modifier la loi électorale tout en opérant, bien entendu, des ajustements que requiert le fichier électoral en cours actuellement audité par des experts de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

L’audit de l’OIF remis en cause

La présence de ces auditeurs étrangers à Kinshasa n’émeut nullement l’opposition qui y voit une manœuvre dilatoire visant à couvrir des fraudes électorales à venir. Déjà, l’Opposition parlementaire ne s’est pas fait prier pour suspendre sa participation à l’observation de l’audit du fichier électoral pilotée par l’OIF eu égard aux données controversées disponibles qui, de l’avis de l’opposition, ne pourront garantir des résultats crédibles. Pour l’opposant Martin Fayulu et ses compères, l’actuel fichier électoral devra faire l’objet d’un nettoyage de fond en comble. Non seulement qu’il ignore les Congolais revenus du pays après mars 2011 ainsi que ceux qui ont été expulsés des pays étrangers, mais en plus ce fichier reprend les noms des personnes décédées et ne tient pas compte des changements d’adresses. Outre le fait que le fichier en question contiendrait beaucoup des fictifs et des personnes ne remplissant pas les critères fixés par la loi, il existerait aussi des millions de fausses cartes d’électeurs en circulation tendant à fausser le jeu électoral.

Pour l’opposition, la seule alternative qui reste pour remédier à cette situation, c’est de procéder à l’enrôlement de tous les électeurs afin de permettre l’établissement d’un fichier électoral réaliste et transparent, gage d’élections paisibles et transparentes. Et pendant que l’opposition fait pression pour que soit organisé un nouvel enrôlement dans l’immédiat, la Céni joue la tempérance en évoquant la disponibilité des moyens. Car, comme l’a précisé une source proche de cette institution, l’enrôlement et la révision du fichier électoral est un processus laborieux allant de la commande des machines à leur reconfiguration en passant par l’intégration des données. Et de préciser qu’au stade actuel, sur les 12.000 machines prévues pour l’enrôlement, seules 3600 ont été reconditionnées. C’est dire que le débat reste entier.          

    

Alain Diasso

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