Centrafrique : la Minusca n'entend pas céder face aux groupes armés

Jeudi 19 Avril 2018 - 12:30

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La force internationale dans le pays a pris la décision suite au regroupement d’éléments armés à Kaga-Bandoro, une ville située à 300 km au nord de Bangui, qui menacent de marcher sur la capitale pour la combattre.

« La Mission ne cédera pas à l’intimidation et continuera, en toute impartialité, à assurer son mandat de protection des civils et des institutions », a déclaré le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, lors d’une conférence de presse.

La Minusca a affiché cette détermination après que deux groupes armés issus de l’ex-Séléka, le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC) et le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), ont tenu une réunion la semaine dernière à Kaga-Bandoro pour « mettre en place une coordination militaire » contre la mission de l’ONU.

« L’option de descendre sur Bangui n’est pas exclue », a déclaré le chargé de la communication du FPRC, Aboubakar Sidik Ali, selon lequel les groupes de l’ex-Séléka se sont mobilisés suite à l’opération lancée par la Minusca contre les milices qui contrôlent le PK5, quartier musulman de Bangui qui est aussi le poumon économique de la capitale.

Le porte-parole de la Minusca a condamné « la manipulation et la désinformation sur l’objectif de cette opération ainsi que son instrumentalisation par les groupes armés, notamment le FPRC et le MPC ». Il a expliqué les raisons de l’intervention de la patrouille conjointe mission de l’ONU et forces armées centrafricaines au PK5.  « Ce n’est pas une opération qui vise les membres de la communauté musulmane, il ne faut pas faire de l’amalgame », a renchéri de son côté le ministre et porte-parole du gouvernement, Ange Maxime Kazagui, lors d'une conférence.

Hormis le regroupement des éléments du FPRC, l’Union pour la paix en Centrafrique, un autre groupe issu de l’ex-Séléka, se propose de tenir également une réunion en fin de semaine pour décider de s’associer ou non à cette coordination militaire. Et selon une source de ce groupe, ce « mouvement attend encore des clarifications sur les revendications et l’objectif du FPRC ».

Bangui, la capitale centrafricaine, est le théâtre de violences depuis début avril. Des violences meurtrières ont secoué le quartier PK 5 après le début d’une opération conjointe force onusienne et armée centrafricaine, le 8 avril, contre les groupes armés du quartier. Et le 10 courant, des combats ont opposé les deux parties, faisant au moins vingt-cinq morts, dont un Casque bleu, et plus d’une centaine de blessés.

Depuis ces affrontements, des drapeaux français flottent un peu partout au quartier PK5 et des tracts y sont distribués. Paris avait, dans un communiqué rendu public le 16 avril, désapprouvé ces pratiques qui « visent à présenter la France comme un soutien de groupes armés » et « à entretenir un climat de confusion sur le rôle de la France en Centrafrique ». « L’ambassade de France dénonce les tentatives d’instrumentalisation dont la France fait l’objet depuis une semaine », soulignait-on.

Pour les autorités françaises, « la présence de drapeaux français (...) relève d’une grossière manipulation visant à faire croire à une divergence entre les objectifs de la France et ceux des autorités centrafricaines et de la Minusca ». Elles avaient, par ailleurs, tenu à rappeler que la France, qui était intervenue militairement entre 2014 et 2016 en Centrafrique dans le cadre de l’opération Sangaris, « se tient aux côtés de tous les Centrafricains » et « place résolument sa confiance dans les capacités des Nations unies et des autorités centrafricaines à rétablir l’ordre ».

L’Union africaine promeut une feuille de route pour la paix en Centrafrique, dans le cadre de laquelle un groupe de facilitateurs a rencontré ces dernières semaines la quinzaine de groupes armés qui sèment la violence en provinces. Fort malheureusement, depuis l’arrivée au pouvoir du président Faustin-Archange Touadera, en 2016, la Centrafrique n’a pas retrouvé le calme. La Mission des Nations unies (Minusca) et la force française Sangaris sont souvent mises dos à dos dans le pays. Cette situation a conduit la population à critiquer ouvertement la mission de l’ONU pour son incapacité à faire face aux violences incessantes.

La Centrafrique est en proie à des conflits depuis 2013. Le renversement du président François Bozizé par l’ex-rébellion de la Séléka avait entraîné une contre-offensive des milices d’autodéfense antibalaka, plongeant le pays dans le chaos. La situation est loin de s’améliorer puisque les groupes armés et des milices s’affrontent actuellement pour le contrôle des ressources.

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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