Centrafrique: les vastes chantiers qui attendent le nouveau président Faustin Touadera

Lundi 22 Février 2016 - 14:05

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Avec 62,71% des suffrages, le nouveau président centrafricain, Faustin Archange Touadera, porte en lui l’espoir de tout un peuple meurtri par trois ans de guerre civile. Rétablir la paix et la confiance entre les communautés ; accélérer le retour des milliers des déplacés et réfugiés ; relancer l’économie ; créer des emplois aux jeunes via le processus DDR…, sont sans nul doute les vastes chantiers qui attendent le nouveau locataire du palais de la Renaissance.

Dans sa première déclaration, dimanche dernier, Faustin Touadera se dit conscient de l’immensité de la tâche. « Croyez bien que je mesure le poids de la charge que vous venez de me confier. Votre confiance m’encourage à engager urgemment les actions de relèvement de notre pays, pour qu’il devienne un Etat prospère, juste et fraternel. Votre confiance m’engage à mener à bien le projet de société que je vous ai présenté au début de ces élections et qui est désormais votre projet, le projet du peuple centrafricain », a-t-il déclaré, ajoutant que « ensemble, nous allons faire de la République Centrafricaine un pays uni, solidaire et prospère ».

Au plan politique, le nouveau président pourra compter sur ses nombreux soutiens pour asseoir sa politique. D’ailleurs, son rival du second tour, Anicet Georges Dologuélé reconnaissant sa défaite l’a félicité. Un gage de légitimité pour le nouvel élu. « Anicet Georges Doléguélé et moi avons montré que tous deux, nous aimons profondément ce pays et que nous nous soucions réellement de son avenir. Je salue, donc, son fair-play politique qui montre sa grandeur et son engagement pour le retour de la paix durable en République Centrafricaine », a affirmé Faustin Touadera dans sa première déclaration dimanche.

« Offrir des opportunités d’emplois aux jeunes, créer de richesses… »  

Pour Enoch Dérant Lakoué, un vétéran de la politique centrafricaine, « il reste maintenant le plus dur à faire, la reconstruction du pays dans l'unité, la paix, pour un développement durable ». La Centrafrique, malgré son potentiel agricole et minier,  « est restée coupée de ses recettes, du fait de sa mise en coupe réglée par les groupes armés qui se sont érigés en douaniers, cadres des impôts etc », a regretté l’ancien Premier ministre, Dérant Lakoué. L’urgence, selon ce dernier, est d’accélérer le rétablissement de l’administration de l’Etat dans toutes les préfectures du pays, et d’en assurer le suivi.

Il s’agit, en effet, de pacifier un vaste territoire centrafricain de plus de 623,000 km2. Les forces de défense et de sécurité du pays (notamment les militaires, gendarmes et policiers) doivent être réhabilitées en vue de la sécurisation du pays. « Centrafricains de toutes les régions, de toutes les religions, des différents statuts sociaux, de tous les secteurs d’activités, de toutes les générations, nous allons transformer notre pays en un vaste chantier offrant des opportunités d’emplois aux jeunes, créant de richesses pouvant être redistribuées de manière équitable », a promis le nouveau président centrafricain, rassurant au passage les partenaires au développement.

Faire revenir des milliers de réfugiés chez eux   

Le redéploiement de l’administration et la relance de l’économie centrafricaine nécessitent, d’après un éditorialiste centrafricain, la mise en place du programme Désarmement, démobilisation et réinsertion(DDR) des ex-combattants. Environ 100 mille jeunes centrafricains ont pris les armes dans les rangs des Anti-balaka et ex-séléka, selon les organismes onusiens. Nombreux d’entre eux sont des désœuvrés et sans qualification.   Le professeur Touadéra aura non seulement la lourde charge de donner aux ex-combattants une formation qualifiée, mais également d’ouvrir des classes aux milliers d’écoliers qui ont fui les troubles depuis 2013. Quelques centaines d’ex-combattants bénéficient déjà des programmes de réinsertion socio-professionnelle grâce notamment au soutien des agences développement. 

La situation humanitaire reste alarmante en RCA. Les affrontements intercommunautaires à Bangui et à l’intérieur du pays, ont poussé des centaines de milliers de Centrafricains à fuir leur domicile. Selon les ONG humanitaires, environ 900.000 personnes ont dû quitter leur foyer d’origine depuis décembre 2013 : plus de 400.000 d’entre elles sont reparties dans la brousse et les sites des déplacés internes, et  460.000 autres ont quitté le pays pour se réfugier dans les pays voisins, dont une bonne partie au Tchad, au Cameroun et dans les deux Congo.

En attendant, l'investituture du président élu est prévue le 11 mars prochain.

 

   

Fiacre Kombo

Légendes et crédits photo : 

Le nouveau président centrafricain Faustin Archange Touadera

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