Centrafrique : Michel Djotodia tend la main aux milices chrétiennes

Lundi 16 Décembre 2013 - 12:00

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Après la mort de deux soldats français dans l'opération Sangaris, l'escale du président François Hollande à Bangui, en provenance d'Afrique du Sud où il avait assisté aux obsèques de Nelson Mandela, et le séjour du ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, le président centrafricain Michel Djotodia a proposé un dialogue aux milices chrétiennes

Cette démarche vise à réduire la tension qui règne depuis quelques semaines à Bangui. Dans un entretien accordé à Radio France internationale (RFI), Michel Djotodia assure que les miliciens qui ont pris les armes contre les ex-rebelles qui l'ont porté au pouvoir « ne sont pas des ennemis, ce sont nos frères ».

« Je suis prêt à discuter non seulement avec les "anti-balaka" (anti-machette, NDLR) mais aussi avec tous ceux qui sont épris de justice et de paix, je suis prêt à tendre la main », a-t-il ajouté.

Cette déclaration intervient après que le Programme alimentaire mondial (PAM) et d'autres ONG européennes ont suspendu la distribution de vivres suite aux menaces d’hommes armés de machettes. Les ONG ont demandé que la distribution soit sécurisée. À Bangui, près de 160 000 déplacés ont été comptabilisés depuis les violences interreligieuses qui ont fait plus de 600 morts en une semaine. Les opérations de désarmement, qui visent principalement les ex-combattants de la Séléka, accusés d'exactions par les habitants, se poursuivent.

En visite à Bangui le 13 décembre, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a affirmé que les 1 600 soldats français déployés dans le pays, accusés par la communauté musulmane de faire le jeu des chrétiens, étaient « impartiaux ». Aux soldats français, s'ajoutent 3 000 hommes de la Misca. Après Bangui, Jean-Yves Le Drian s'est rendu à Ndjamena, au Tchad, où il a rencontré le président Idriss Déby Itno. À l’issue de cet entretien, il a déclaré qu’il était nécessaire de démarrer le processus de transition politique « dès 2014 », soulignant avoir évoqué avec Idriss Déby Itno « les voies et les moyens pour le déploiement des forces de la Misca. » « Je compte aussi sur le Tchad pour rétablir la paix et la stabilité », a-t-il ajouté.

Lors du conseil européen qui se tiendra les 19 et 20 décembre, la France va proposer la création d'un fonds européen destiné à financer les interventions d'urgence dans les pays en crise.

Pour l'ancien Premier ministre centrafricain Anicet Georges Dologuélé, les forces françaises et africaines devraient « imposer la sécurité à marche forcée ». Le Cameroun, pays frontalier avec la Centrafrique, a commencé le rapatriement de ses ressortissants.

En marge d'une visite en Guyane, Français Hollande a déclaré que l'intervention en Centrafrique était « l'honneur de la France et sa responsabilité ».

« Je sais les interrogations qui existent en France [...]. Pendant trente ans, il y a eu un certain nombre d'opérations militaires françaises en Centrafrique. C'était tantôt pour soutenir un dictateur, tantôt pour le renverser. Aujourd'hui, c'est pour sauver des vies humaines , c'est toute la différence », a précisé le président français.

La France rend aujourd’hui hommage aux deux soldats français, Nicolas Vokaer, 22 ans, et Antoine Le Quinio, 23 ans, tués les 9 décembre à Bangui dans l'opération Sangaris en Centrafrique.

Noël Ndong