Chemin de fer : des espoirs perdus pour la SCTP

Mardi 13 Juin 2017 - 17:56

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le grand retour du géant des transports risque d’être compromis par les dernières pertes financières réalisées par le train voyageur Kinshasa-Matadi.

Par le passé, les anciens dirigeants de l’ex. Onatra ont décidé d’interrompre le trafic ferroviaire en raison des difficultés d’exploitation dont la vétusté de la ligne ferroviaire et le coût trop onéreux de son maintien en fonctionnement sans une contrepartie financière avérée. L’histoire va-t-elle se répéter à la Société commerciale des transports et ports (SCTP) ? Rien n’est bien sûr. Le train voyageur desservant la ligne Kinshasa-Matadi continue à enregistrer des pertes de ses dividendes financières à cause du caractère social de la mission assignée à la SCTP, a renseigné l’Agence congolaise de presse citant une source interne à la société. Dans l’une de nos dernières livraisons, nous soulignons déjà l’intérêt porté par l’équipe dirigeante au redressement en mode d’urgence de la voie ferrée pour faire face aux terribles difficultés de la société. Actuellement, l’on ignore l’étendue exacte du désastre qui ronge le secteur ferroviaire. Mais selon les précisions recueillies par l’ACP auprès de cette source interne, la société n’arrive pas à récupérer les fonds dépensés pour l’achat des intrants, notamment les carburants.

Juste à titre indicatif, il arrivait par le passé que 60 % des voyageurs ne paient pas leurs tickets (enquête Le Courrier de Kinshasa). Sans doute la situation s’est-elle améliorée légèrement avec le temps, mais la source de l’ACP confirme que les frais de transport ne parviennent pas à satisfaire les besoins de la société. Le seul point indiscutable est l’apport social important du train voyageur dans la connexion entre Kinshasa et Matadi dans la province portuaire du Kongo Central. La réponse au déficit des recettes se trouve sans aucun doute dans le retour de l’ordre dans la gestion du trafic ferroviaire. Par ailleurs, il faut également que l’État songe à payer sa dette à la SCTP. Le montant est estimé à plusieurs millions de dollars américains USD représentant les services rendus dont les transports des divers matériels et courriers de l’État. Face à l’urgence, le Gouvernement devrait envisager sérieusement une subvention pour permettre à la SCTP de continuer à remplir sa mission. Une telle démarche serait idéale en cette période de vacances. Déjà la société préconise de baisser le prix de billet du trafic ferroviaire Kinshasa-Matadi. Un tarif promotionnel est en cours d’étude, a révélé la source. Actuellement, le prix revient à 16 dollars USD pour la deuxième classe et 25 dollars USD pour la première classe. Quant à la classe de luxe, le voyageur doit débourser environ 65 dollars USD.

La question de la relance de la voie ferrée en RDC est d’autant plus complexe que les tentatives de passer un partenariat public privé n’a produit aucun résultat à ce jour. Au-delà de la vétusté de la ligne ferroviaire qui décourage plus d’un opérateur privé, il y a aussi une particularité souvent minimisée. La RDC dispose d’une ligne ferroviaire à une seule voie, contre deux dans la plupart des pays africains. Il est important d’adapter le rail congolais à l’évolution du temps et aux changements des courants de trafic encouragés par la montée des pays émergents dans la région. Heureusement, a-t-on appris, l’état du rail ne pose aucun problème sérieux, même si certains tronçons méritent d’être renforcés et solidifiés. La grande priorité pour l’ex-Onatra est de continuer à consentir de lourds investissements pour devenir plus compétitif. Et le sauvetage de la société partira nécessairement du chemin de fer pour ensuite passer aux ports et transports fluviaux.

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Une locomotive de la SCTP en stationnement

Notification: 

Non