Chine-Afrique : pays miniers et pétroliers subsahariens dans l'expectative

Dimanche 30 Août 2015 - 16:45

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Entre janvier 2006 et juillet 2014, les pays de la région subsaharienne ont drainé 17% des investissements chinois, loin devant l’Asie de l’Ouest (15%), l’Amérique du Nord (14%), l’Asie de l’Est (14%), l’Europe (12%), l’Amérique du Sud (11%), les pays arabes (10%) et l’Australie (7%), selon le gouvernement de la République populaire de Chine.

2006 est l'année où la Chine a commencé à accélérer l’internationalisation de ses entreprises. Selon le Rapport « The China Global Investment Tracker », quelque 2500 entreprises chinoises ont investi un peu plus de 150 milliards de dollars USD en Afrique subsaharienne entre 2006 et 2013. Ces chiffres prouvent à suffisance la délicatesse de la situation de la région si ce ralentissement de l'économie chinoise s'étend dans la durée.

En effet, à en croire la Bank of America Merrill Lynch, si la croissance chinoise ralentit à 3,5%, les importations chinoises chuteront de plus de 17%. C’est une très mauvaise nouvelle pour les pays africains qui dépendent de la demande chinoise surtout en matières premières. Le gros du volume des investissements chinois en Afrique subsaharienne est réalisé dans les minerais (41%) et l’énergie (40%). Mais il y a aussi d'autres secteurs, notamment la finance, l’immobilier et le transport. Cette diversité des investissements contribue à faire de la Chine un partenaire stratégique pour le continent avec des échanges commerciaux de l’ordre de 210 milliards de dollars USD en 2013.

Comme l'explique le gouvernement chinois, d’ici les sept prochaines années, le commerce bilatéral entre la Chine et l’Afrique subsaharienne atteindra les 400 milliards de dollars USD. Il existe un lien plus étroit entre les deux partenaires. Dès lors, les perspectives d'avenir sont plus sombres à cause du ralentissement de l'économie chinoise et sa conséquence directe, à savoir une faible demande de la Chine surtout en matières premières.     

La baisse des cours des minerais a affecté certains pays africains. Parmi eux, il y a ceux qui sont notés par Standard & Poor’s (S&P). En effet, le commerce entre la Chine et dix-huit pays notés a atteint 133 milliards de dollars USD en 2013 contre 5 milliards en 2001. La volatilité du prix du cuivre a des répercussions sur la Zambie et la RDC dont les économies dépendent de ce produit d'exportation, précise S&P. Une situation qui se confirme sur le terrain avec l'annonce officielle de la révision à la baisse de la croissance de la RDC en 2015. Pour sa part, S&P a abaissé la perpsetive de la note de la Zambie de stable à négative. Il faut savoir que les investissements chinois représentent 80% des exportations de la Zambie.   

En raison de la chute du brut, l’agence S&P a revu également les notes de quatre autres pays dont les économies sont fortement dépendantes des exportations des hydrocarbures, en l’occurrence le Nigéria, l’Angola, le Gabon et le Congo-Brazzaville. L’Angola exporte 40% de sa production pétrolière en Chine.

Les effets du ralentissement du géant chinois se ressentent également sur la capacité des États subsahariens à payer leurs dettes auprès de la Chine et d’autres bailleurs de fond. L'Angola a reçu de la Chine un crédit estimé à 14,5 milliards de dollars USD depuis la fin de la guerre civile en 2002. Il s’agit des fonds gagés sur un baril de pétrole, et la volatilité des cours du brut n’arrange pas l’Angola.

Comme le résume S&P, la faible demande chinoise a plusieurs implications sur les économies africaines, notamment la fin du boom des matières premières, une croissance plus faible du PIB, une baisse des recettes fiscales et une dépréciation des monnaies africaines.  

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Les investissements chinois en Afrique subsaharienne Photo 2 : Les intérêts chinois en Afrique

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