Christian Dzellat-Nkoussou, le chantre de l’excellence noire

Samedi 9 Mai 2015 - 10:15

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Si le rappeur Common devait avoir un frère jumeau congolais, ce serait Christian Dzellat-Nkoussou, créateur et fondateur de la marque Noir et Fier. Autour de la marque de T-Shirt désormais célèbre, l'entrepreneur âgé de 33 ans a lancé le média NoFi ainsi qu’un Fonds de dotation destiné à soutenir des projets caritatifs et entrepreneuriaux dans le monde noir, des Afriques à la Caraïbe. Rencontre.

Christian Dzellat-Nkoussou créateur et fondateur de la marque Noir et Fier ©Sophie PalmierPouvez-vous revenir sur la genèse de Noir et Fier ?
C’est une marque de vêtements engagée, créée en 2004, avec pour but de promouvoir l’excellence noire. Nous voulions dénoncer le racisme, la discrimination et promouvoir la solidarité. La marque a émergé en banlieue parisienne, Goussainville, Sevran Beaudottes et Evry avant de se développer dans toute l’Ile-de-France, puis toute la France et au-delà. Aujourd’hui notre page Facebook, créée il y a cinq ans, est la plus importante de France et peut-être même d’Europe rassemblant la communauté noire avec 600.000 fans.

Vous rentrez du pays où vous avez apporté votre soutien aux jeunes élèves d’un internat de Nkayi. Pouvez-vous nous parler de ce travail caritatif ?

La Maison mère Noir et Fier a créé, il y a un an un, fonds de dotation éponyme et le site internet Noiretfierenaction.org que nous avons lancé officiellement la semaine dernière. Le Fonds de dotation Noir et Fier, c’est l’excellence noire en action. Pour notre première action, nous nous sommes rendus à Nkayi, au Congo, pour soutenir la Fondation Yvalanda pour la Recherche et l’éducation (FYERE), créée par la société de transaction financière, Yvalanda. Cette fondation gère un internat d’excellence qui prend en charge des enfants qui n’ont pas forcément les moyens de suivre une scolarité décente. Nous avons commencé par le Congo qui est mon pays d’origine mais nous nous sommes fixés pour objectif de soutenir financièrement au minimum six projets par an, mettant en avant des actions entrepreneuriales et des actions caritatives, dans tous les pays d’Afrique et des les Antilles.  Nous avons commencé à récolter des dons  et 5€ sont reversés au Fonds de dotation sur la vente de chaque T-Shirt. Loin de se positionner en victime, de pleurnicher ou de quémander, nous considérons qu’il est possible de faire les choses par nous mêmes et pour nous, plutôt que de dépendre d’ONG dont certaines défendent avant tout des intérêts autres que celui des communautés qu’elles sont censées servir.

Christian Dzellat à Nkayi ©DRVous êtes également à l’initiative du lancement d’un média. Qu’est-ce qui vous a conduit à vous lancer dans cette aventure ?

Il y a un an, le 21 février 2014, jour anniversaire de la mort de Malcolm X, nous avons créé le média NoFi, une contraction de Noir et fier, dans lequel nous couvrons l’actualité du monde noir. Lorsque nous avons créé la page Facebook de la marque, il y a cinq ans, nous avons reçu des sollicitations qui allaient au-delà de la marque de T-Shirt. Les gens parlaient de tout ce qui avait attrait à la communauté : la santé, les problèmes de cheveux, le dernier shoot de Lebron James, etc. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire, qui aille au-delà de Facebook, qui reste malgré tout limité. L’équipe rédactionnelle constituée de 12 personnes : rédacteurs, cameramen, graphistes, développeurs web, produit 100% du contenu présent sur le site, soit une dizaine d’articles par jour. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir mais nous allons dans la bonne direction. Nous totalisons 500.000 visiteurs uniques par mois majoritairement de France. À l’intérieur du média NoFi, il y a le NoFipédia, qui se veut l’encyclopédie du monde noir, car nous avons constaté que les pages Wikipédia concernant les hommes illustres de notre communauté, qui ont compté pour l’histoire de l’humanité sont assez pauvres. J’ai recruté un historien qui produit du contenu pour NoFipédia grâce à ses recherches.

On constate un plus grand souci de s’affirmer parmi les jeunes de la diaspora, que l’on pense à l’émergence du mouvement Nappy, à la réappropriation du wax dans la mode, où l’émergence de médias afro-centrés etc. Comment observez-vous cela ?

Je ne sais pas s’il faut parler de mouvement car c’est quelque chose qui a toujours fait partie de nous. Nous portions tous cette négritude en nous mais il s’agissait d’élever les consciences, de promouvoir l’excellence noire, de mettre la lumière sur un chemin qui a toujours été là. Il manquait peut-être un catalyseur permettant de nous retrouver autour de quelque chose. Souvent notre communauté se retrouvait et créait un lien autour d’un exploit d’un membre de notre communauté, du succès d’un sportif ou d’un artiste. Les nouvelles technologies nous donnent aujourd’hui d’autres tribunes.

Propos recueillis par Rose-Marie Bouboutou

Légendes et crédits photo : 

Christian Dzellat-Nkoussou créateur et fondateur de la marque Noir et Fier ©Sophie Palmier Christian Dzellat-Nkoussou à Nkayi ©DR