Chronique : les pays en conflit sont plus vulnérables aux changements climatiques

Vendredi 8 Septembre 2023 - 14:28

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Les scientifiques s’accordent généralement à dire que le changement climatique ne provoque pas directement de conflits, mais qu’il peut indirectement accroître le risque de conflit en exacerbant les facteurs sociaux, économiques et environnementaux existants.

 

 

Par exemple, lorsque les éleveurs de bétail et les agriculteurs se retrouvent contraints de partager des ressources qui s'appauvrissent en raison du changement climatique, cela peut engendrer des tensions dans des lieux dépourvus de gouvernance solide et d’institutions inclusives.

Saviez-vous que sur les 20 pays considérés comme les plus vulnérables au changement climatique, 12 se trouvent en situation de conflit. Selon l’indice qui évalue la vulnérabilité d’un pays au changement climatique et aux autres défis mondiaux en fonction de sa capacité à renforcer sa résilience, le Yémen, le Mali, l’Afghanistan, la République démocratique du Congo et la Somalie, tous confrontés à des conflits, figurent parmi les pays les moins bien classés.

Cela ne signifie pas qu’il existe une corrélation directe entre le changement climatique et les conflits. En fait, il en ressort que les pays touchés par des conflits sont moins à même de faire face au changement climatique, précisément en raison de l’affaiblissement de leur capacité d’adaptation dû aux conflits. Les personnes vivant dans des zones de guerre sont donc parmi les plus vulnérables à la crise climatique et les plus délaissées par l’action climatique. Trop souvent, l’environnement naturel est directement agressé ou dégradé par la guerre. Les attaques peuvent provoquer une contamination de l’eau, des sols et des terres, ou libérer des polluants dans l’air. Les restes explosifs de guerre peuvent contaminer les sols et les points d’eau, ainsi que nuire à la faune. Cette dégradation de l’environnement affaiblit la résilience des personnes et leur capacité à s’adapter au changement climatique.

Les conséquences indirectes des conflits peuvent également provoquer une plus grande dégradation de l’environnement, par exemple : les autorités sont moins à même de gérer et de protéger l’environnement ; les déplacements à grande échelle appauvrissent davantage les ressources ; les ressources naturelles sont parfois exploitées pour soutenir les économies de guerre. Les conflits peuvent également contribuer au changement climatique. Par exemple, la destruction de vastes zones forestières ou la détérioration d'infrastructures telles que les installations pétrolières ou les grands sites industriels peuvent avoir des conséquences néfastes sur le climat, notamment le rejet de grands volumes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Par exemple, le changement climatique peut entraîner une pénurie d’eau et réduire la disponibilité des terres arables.

Comme on peut le voir, plusieurs semaines après le début de l’invasion russe de l’Ukraine qui était alors le quatrième exportateur mondial de maïs et en passe de devenir le troisième exportateur de blé derrière la Russie et les États-Unis, toutes les cartes sont rebattues.

Certains pays comme l’Egypte, qui fait venir 90% de son blé de Russie et d’Ukraine, ont réduit leurs prévisions d’importations ou commencé à chercher d’autres origines. D’autres, comme l’Argentine, font le choix de la sécurité alimentaire nationale en décidant de suspendre leurs exportations d’huile de soja, dont elle est la première exportatrice mondiale.

Pour limiter tout cela, un plus grand respect envers les règles de la guerre peut réduire les dommages et les risques auxquels sont exposées les communautés touchées par les conflits afin qu’elles subissent moins les effets du changement climatique.

 

Boris Kharl Ebaka

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