Cinéma: « Kongo », une immersion dans le monde des Ngunza

Jeudi 19 Mars 2020 - 20:22

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Inspiré du quotidien de l’apôtre Médard, guérisseur-exorciste de la confrérie des Ngunzas, « Kongo » est un film documentaire marquant, qui met en images le monde des esprits selon la congrégation Ngunza au Congo-Brazzaville. 

En 1h 10 minutes, l’apôtre dévoile ses ressources intimes, ses souvenirs et ses pratiques. Il parle aussi de ses craintes devant la présence étrangère qui menace les croyances ancestrales et les rites magiques du Kongo.

« Dans la République des ténèbres qu'est notre pays celui où cohabitent les vivants et les morts, les êtres visibles et les êtres invisibles. Ce pays est en guerre. Une guerre civile, où ce que nous autres rationalistes appelons le surnaturel », dit la voix off.

« La guerre se déroule dans les corps, dans les familles, dans les quartiers, dans les villages. Elle concerne les personnes, les organisations collectives, les terres et les eaux. Elle concerne la colonisation du pays et son pillage par les puissances étrangères. Elle mobilise des citoyens de tous rangs, des politiques, des savants, des responsables religieux, des juges et des avocats, et bien sûr des féticheurs », poursuit la voix.

Le documentaire des réalisateurs français Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav met en exergue les croyances et les rites des Ngunza, à travers les pratiques dévots de l’apôtre Médard. Il s’agit d’un guérisseur qui traque les mauvais esprits cachés dans les corps de ses patients avec des méthodes issues d'une longue tradition.

Sorti en salle le 11 mars dernier, Kongo se révèle un film dont le pari est de rendre visible l’invisible.

La confrérie Ngunza

Edifiée il y a un siècle sur le martyre de ceux qui se révoltaient alors contre l’oppression coloniale et le démantèlement de l’héritage kongo, la doctrine ngunza s’est forgée dans un assemblage de revendications politiques, culturelles et mystiques, mue par une perpétuelle communion et une résistance inductible à toute épreuve. Sous l’influence de la pensée du pionnier de la décolonisation André Matswa, érigé en figure messianique à sa mort en 1942, la tradition ancestrale s’est transformée en mouvance philosophique et identitaire à l’heure de l’indépendantisme, avant que celle-ci ne se structure en religion et paroisses pour répondre aux autres forces en présence dont celles qui s’emploient à l’écraser.

Durly Emilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

Photo1:L'apôtre Médard Photo2: un des rites ngunza

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