Cinéma : la production 2020 ralentie par la Covid-19

Samedi 18 Juillet 2020 - 12:22

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Après l’allégement des mesures de confinement édictées par le gouvernement congolais, la reprise du secteur cinématographique se fait toujours retardée. Ouvertures de salles de spectacles, séances de tournage et autres événements en lien avec le 7e art ne peuvent pas encore avoir lieu à ce jour.

Pour que les salles de projection cinématographiques coexistent avec les offres digitales devenues quasiment incontournables, il faut d’une part que la programmation demeure riche et diversifiée, et d’autre part faire en sorte que les producteurs et partenaires financent les créations. En raison de la pandémie de Covid-19 sévissant au Congo depuis le 14 mars, l’industrie de production cinématographique congolaise a été contrainte à un arrêt brusque. Près de cinq mois après, le secteur n’est pas prêt à se relever de cette grande chute qui a impacté significativement la chaîne de production du métier et les œuvres produites.

Toutes les activités ont été interrompues : séances de tournage, projection, master-class, conférence-débat, festival. Evidemment, les dommages de cet arrêt sont estimés à plusieurs centaines de millions de FCFA et le manque à gagner est d’autant plus ahurissant que la fréquentation des salles et la production cinématographique au Congo avaient connu une hausse l’année dernière, à en croire les acteurs de ce secteur.

La production cinématographique congolaise en berne

Le report à plutard de nombreuses productions table sur tout l’équilibre du secteur qui se trouve actuellement fragilisé. Aujourd’hui, les sociétés de production ne savent pas à quel moment reprendront-elles au vu des cas de contamination qui ne font qu’augmenter. « Beaucoup de craintes et d'hésitations... Le déconfinement partiel nous empêche d'organiser des événements avec grand public, du coup nous sommes contre mur et impuissant », nous a confié Michael Gandoh, producteur et réalisateur congolais. Pour Liesbeth Mabiala, réalisatrice et actrice, la pandémie de coronavirus l’a contrainte à repousser à 2021 le tournage de sa série panafricaine, « Duel Matambi », qui devait rassembler les acteurs et techniciens de renom de plus de sept pays africains.

Le tournage des scènes demande une interaction directe entre acteurs, et parfois même la présence d’une foule. Ce qui va à l’encontre des mesures de prévention sanitaire édictées par le gouvernement pour faire face à la propagation du virus, à savoir : l’interdiction des rassemblements de plus de cinquante personnes et la distanciation physique. Selon Claver Lembouka, directeur de la cinématographie, certaines mesures barrières peuvent paraître coûteuses ou trop désagréables pour les cinéastes, mais elles sont indispensables pour sauver des vies, soulignant qu’une contamination sur un plateau de tournage pourrait entraîner une mise en quarantaine de toute l’équipe, avec un arrêt de tournage indiscutable.

Par ailleurs, si les séances de tournage pouvaient se tenir en ce moment, ils feront face à de grandes difficultés pour éviter toute forme de contamination. Et bien que la production cinématographique annuelle est indispensable dans l’organisation des Kamba’s Awards, récompense destinée aux cinéastes, il vaut mieux préserver la santé des cinéastes.

Le digital prend de l’ampleur

Il faudra attendre sans doute plusieurs mois pour jauger les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur les habitudes des cinéphiles congolais. Pendant le confinement, le public s’est massivement porté sur les smartphones ou ordinateur, notamment pour s’abonner à des offres vidéos à la demande ou pour visionner des films sur l’une des nombreuses plateformes de cinéma.

Ces pratiques, déjà populaires avant la pandémie, semblent s’être considérablement ancrées chez les plus jeunes et pourront connaître une suite d’accélération. Ce bénéfice ne fera que renforcer la capacité des grands acteurs du streaming (Netflix, Amazon, Apple) à séduire davantage de studios, de cinéastes et de producteurs, qui leur permettront d’étoffer leurs catalogues et de pousser leur avantage au détriment de l’industrie traditionnelle.

Durant le confinement, plusieurs longs-métrages prévus pour une sortie en salle ont été rendus disponibles sur ces plateformes de distribution cinématographique en ligne. 

Merveille Atipo

Légendes et crédits photo : 

Un jeune réalisateur occupé par le téléphone, en attente de reprendre son poste derrière la caméra/DR

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