Climat des affaires : l’esprit d’entreprise gagne du terrain sans accompagnement du système financier

Vendredi 17 Juin 2016 - 17:58

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Un décalage criant est révélé dans le Doing Business 2016, avec quatre-vingt trois points de plus pour la RDC en matière de création d’entreprise et, paradoxalement, un recul de cinq points dans l’obtention des prêts. L’écart n’a fait que se creuser, confirmant une aggravation de la situation déjà difficile d’accès au crédit d'investissement. Les nombreuses mesures rectificatives peinent à booster la position du pays qui reste à la 184ème place sur 187 pays examinés par la Banque mondiale (BM).

Au fil des années, plusieurs réformes de l’État ont-ils permis réellement de mettre en place un cadre plus attractif ? Et qu’en pensent les entrepreneurs ? Il s'agit d'un grand débat qui revient chaque fois que les autorités congolaises prennent des mesures complémentaires pour améliorer le climat des affaires et des investissements. En effet, la RDC propose aujourd'hui de nombreuses opportunités d’investissements dans plusieurs secteurs notamment les services, les industries manufacturières, les infrastructures et l’agriculture au sens large. Selon le récent rapport du Guichet unique de création d’entreprise (Guce), entre 60 et 70% des investissements enregistrés sont l’œuvre des nationaux. Selon la même source, plus de 30% de ces initiatives restent très souvent au stade de simples projets, faute d’un accès au financement bancaire. La BM confirme que les entreprises de taille moyenne, en particulier, sont affectées par les maux qui rongent l'économie de la RDC. Les contraintes sont de plusieurs ordres : accès au financement, absence d’accompagnement de l’État, etc.

Interrogés, les entrepreneurs locaux ont mis en exergue quelques grandes pistes de solution, notamment la facilitation de l’accès au financement, l’allègement de la pression fiscale et l’accompagnement plus déterminant de l’Etat à travers une politique de bonne gouvernance intégrant les réformes indispensables à la montée d’une classe des affaires locales, au paiement de la dette intérieure et à la protection de l’entrepreneuriat local. Quant au gouvernement, il a tablé sur une nouvelle série de réformes qui devrait, pense-t-il, aider la RDC à gagner des places dans le prochain Doing Business 2017. Il n’a pas manqué d’en présenter les grandes lignes récemment. Par exemple, certaines mesures vont toucher les domaines comme la création d’entreprise. L’objectif est d’arriver à baisser le nombre de procédures passant ainsi de 6 à 3. Le processus de regroupement des différentes administrations intervenantes servira à atteindre cet objectif. Par ailleurs, il faut citer également la suppression de l’exigence du capital minimum de la SARL et la liberté de notarier ou de ne pas notarier les statuts. Du côté de la BM, la direction des Opérations pour les deux Congo a salué les initiatives tout en insistant sur l’urgence d’assurer une meilleure communication entre les ministères sectoriels et les différentes structures étatiques concernées par ces réformes. Il est important d’aller au-delà du Doing business pour veiller à engager le pays plus durablement dans la voie du changement. Il revient aux opérateurs économiques, principaux bénéficiaires des réformes, d’évaluer sur le terrain le niveau d’exécution de ces nouvelles mesures dans les différents secteurs de l’activité économique nationale.

Pour rappel, la RDC s’est plutôt bien tirée avec une hausse globale de 3 points dans le classement Doing Business 2016. Plusieurs domaines ont contribué à cette petite remontée à la 184ème place sur 187 pays examinés. L’on a cité principalement la création d’entreprise (+ 83 points) et l’octroi du permis de construire (+ 26 points). Rien qu’en 2014, par exemple, le pays a compté environ 1 765 nouvelles sociétés à responsabilité limitée. Il s’agit de données collectées par la BM auprès d’une centaine de conservateurs du registre des sociétés. En analysant les tendances du reste des indicateurs, l’on a constaté que l’obtention des prêts, le paiement des taxes et impôts, le sempiternel problème de raccordement à l’électricité et la protection des investisseurs minoritaires ont baissé, respectivement, de 5 points, 3 points et 1 point pour chacun des deux derniers indicateurs. Par ailleurs, il n’y a eu aucun changement au niveau du transfert de propriété, du commerce transfrontalier, de l’exécution des contrats et du règlement de l’insolvabilité. En matière de création d‘entreprise, l’on s’est rendu compte que la RDC est restée en-dessous de la moyenne africaine par rapport au nombre de procédures (6 contre 8 en Afrique subsaharienne), aux délais (11 contre 26 en Afrique subsaharienne), au coût (29 % du revenu par habitant contre 53 %) et au capital minimum versé (10 % du revenu par habitant contre 45 % en Afrique subsaharienne).

Contraintes majeures
Accès au financement 25%
Pas d’accompagnement de l’Etat 20%
Système fiscal 6%
Pratiques abusives 14%
Main d’œuvre 15%
Infrastructures 7%
Stabilité politique et macroéconomique 4%
Accès à l’électricité 1%
Social 2%
Autres 6%

Source : 50 entrepreneurs interrogés (Optimum 2015)
 

Laurent Essolomwa

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