Climat : des négociations à Bonn pour avancer vers la mise en œuvre de l’accord de Paris

Samedi 28 Avril 2018 - 15:15

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La rencontre va réunir environ deux cents pays, le 30 avril en Allemagne, en vue de graver le texte dans le marbre. Il s’agit d’une première étape d’une année cruciale dans la lutte contre le dérèglement climatique, malgré la réticence affichée des Etats-Unis.

L’accord de Paris, rappelons-le, vise à contenir le réchauffement mondial sous les 2°C, voire 1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle. Malheureusement, les engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pris jusqu’à présent par les Etats signataires conduiraient à un monde à +3°C. Or, selon un projet de rapport du Groupe des experts climat des Nations unies (Giec), dans les conditions actuelles, le monde atteindrait déjà +1,5°C, d’ici à 2040. Ce qui, d’après eux, est « extrêmement improbable » de ne pas dépasser 1,5°C sans transformations drastiques et immédiates.

Eviter un réchauffement hors contrôle s’avère nécessaire, puisque les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Etant donné que les émissions de gaz carbonique (CO2) sont reparties à la hausse en 2017, les appels à agir plus vite et plus radicalement ne cessent de se multiplier, à quelques mois de la 24e conférence climat de l’ONU (COP24), au mois de décembre, en Pologne, qui permettra d’évaluer la volonté politique des Etats à s’engager davantage dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Pour David Waskow, expert au World resources institute, « 2018 est une année clé pour faire avancer l’action climatique », et « le moment le plus critique » depuis que la COP21 a donné naissance à l’accord de Paris en 2015. « Un succès dépendra d’un accord ou non des Etats sur un mode d’emploi musclé de l’accord de Paris, et de leur volonté à rehausser leurs engagements nationaux d’ici à 2020 », a-t-il insisté.

Dans le cadre de sa mise en œuvre, l’accord prévoit un premier bilan mondial en 2023 mais la communauté internationale a déjà lancé un dialogue pour encourager les Etats à présenter, d’ici à 2020, des engagements révisés. Baptisé « Talanoa », ce processus sera officiellement lancé pendant la réunion de Bonn, prévue pour deux semaines.
Les regards sont actuellement tournés vers la Chine, principal émetteur de CO2, mais aussi vers l’ensemble des pays développés, en particulier l’Union européenne, puisque les Etats-Unis avaient déjà annoncé leur retrait de l’accord de Paris. C’est pour cela que plusieurs capitales européennes ont, ces derniers temps, appeler les vingt-sept à rehausser leurs ambitions, voire à poser l’objectif de neutralité carbone pour 2050. Elles ont également rappelé aux pays du Nord leur promesse de porter à cent milliards d’euros par an d’ici à 2020 leur aide aux politiques climatiques de ceux du Sud.

« Il est frustrant d’entendre certains pays développés célébrer leur leadership sur le climat alors qu’ils ne sont pas à la hauteur des engagements modestes annoncés au fil des années », a dénoncé le ministre de l’Environnement des Maldives, Thoriq Ibrahim, qui préside le groupe des petites îles (Aosis). « Jusqu’à ce que les pays développés joignent le geste à la parole, notre survie sera menacée », a-t-il souligné.

Parmi les points de friction des négociations sur les règles d’application de l’accord de Paris, figurent les tensions récurrentes entre pays riches et pauvres qui pourraient revenir à Bonn. Malgré cela, l’on espère que ces tensions seront résolues d’ici à la fin de l’année, pour permettre l’application du traité en 2020. Il s’agira notamment d’appliquer des règles en matière de « transparence », c’est-à-dire la façon dont les Etats rendent compte de leurs actions, de leurs financements, de leurs résultats. Et le degré de flexibilité qui sera accordé aux pays les plus pauvres focalise les discussions.

Après Bonn, d’autres événements diplomatiques importants sont prévus avant la COP24. Ce sont, entre autres, le G7 en juin, la publication du rapport du Giec à l’automne, et un sommet organisé par le gouverneur de Californie, en septembre.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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