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Comment résoudre la crise de la Centrafrique

Lundi 27 Janvier 2014 - 0:03

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L’erreur la plus grave que l’on pourrait commettre aujourd’hui dans la recherche d’une solution à la crise qui dévaste la Centrafrique serait de croire que la communauté internationale peut résoudre le problème. Ayant démontré à maintes reprises dans les dernières années son incapacité à agir sur le terrain pour séparer les belligérants, l’Organisation des Nations unies ferait bien de s’en tenir à de nobles déclarations du haut de sa tribune et donner aux Africains les moyens de régler eux-mêmes le problème.

Expliquons-nous en quelques mots. Autant l’ONU est utile comme point de rencontre et comme lieu de dialogue, autant elle est nocive lorsqu’elle cherche à s’entremettre sur le terrain. Mal informé, mal conseillé, mal géré par une bureaucratie qui ne connaît rien ou presque des problèmes qu’il prétend régler, le « machin », comme le qualifiait non sans raison le général de Gaulle, dépense des sommes folles en pure perte. Il gaspille allègrement l’argent que les pays membres mettent à sa disposition sans vraiment se préoccuper l’usage qui en sera fait concrètement.

Caricatural de ce comportement est depuis des années le comportement de la Monusco en République démocratique du Congo, où dix-sept mille « Casques bleus » déployés dans les deux Kivu se sont révélés incapables de mettre un terme aux violences perpétrées par les milices venues du Rwanda et de l’Ouganda. Paradant et vivant fort bien à Kinshasa, les responsables de cette armée fantôme laissent agir à leur guise les soldats venus d’autres continents sans jamais se préoccuper de contrôler leurs actions.

Rien, en vérité, ne serait plus dangereux dans le cas de la Centrafrique que de rééditer la même erreur stratégique. Si les Nations unies veulent contribuer réellement à la restauration de la paix dans ce pays, elles doivent mobiliser des fonds pour aider d’abord les unités de la force africaine Misca et de la force française Sangaris à se déployer sur toute l’étendue du pays pour accompagner ensuite les nouvelles autorités centrafricaines dans la remise en ordre de la gouvernance nationale, pour soutenir enfin la relance de l’économie sans laquelle il n’y aura pas de paix durable.

Gaspiller de l’argent comme elles l’ont fait pendant des années en RDC ne pourrait qu’aggraver le chaos qui règne à Bangui et dans les autres villes de la Centrafrique, ancrer un peu plus encore dans l’esprit des populations de cette partie du monde la conviction qu’elles n’ont rien à attendre de l’ONU, bref, aller à l’encontre des principes sensés inspirer son action.

Mieux vaudrait s’en convaincre avant que le mal ne s’aggrave et finisse par gangréner l’ensemble du Bassin du Congo : seuls les Africains de l’Afrique centrale pourront, avec, bien sûr, l’aide que leur procureront des puissances extérieures comme la France et les institutions internationales, ramener la paix là où elle a été détruite par le fanatisme religieux et la dérive ethnique. Tout comme cela s’est passé en Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, c’est en soutenant le processus d’intégration régionale qui s’y dessine que la communauté internationale se rendra utile et contribuera à la stabilité de cette partie de l’Afrique.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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