Congo : diversification de l’économie, un levier pour la croissance

Lundi 14 Août 2017 - 21:33

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La diversification de l’économie congolaise est un levier essentiel de sa croissance future et représente l’objectif principal du gouvernement qui a engagé, depuis, des réformes institutionnelles et des programmes d’investissements publics pour tenir le pari.  

Pour concrétiser cette ambition, le pays a épinglé cinq grands axes de diversification économique, parmi lesquels la création des Zones économiques spéciales (Zes). Une loi a été récemment promulguée par le président de la République, certifiant quatre zones en création : Ouesso, le bipôle d’Oyo-Ollombo, Brazzaville et Pointe-Noire. Le Congo fait partie des pays « pilotes » africains devant bénéficier d’un financement de 60 milliards de dollars annoncé par la Chine en vue de soutenir des projets d’industrialisation. C’est dans ce cadre que se construit la Zes de Pointe-Noire dont les travaux de bornage du site ont été réalisés. Sur une période de dix ans, soulignait Alain Akouala, ministre des Zones économiques spéciales, elle pourrait créer environ 40 000 emplois directs, et une cinquantaine de milliers d’emplois indirects avec un impact sur le PIB estimé à 2 milliards de dollars tous les cinq ans.

Faisant partie des cinq secteurs de la diversification économique, le tourisme connait depuis quelque temps une réforme fondamentale qui devra faire du Congo une destination aux « retombées économiques indéniables ». Le ministère du Tourisme voudrait rendre attractif ce secteur et espérer générer environ 10% du PIB à l’horizon 2021. Pour ce faire, il a engagé plusieurs actions, à l’instar de la création d’un Guichet unique des systèmes de tourisme, de l’hôtellerie et des loisirs, avec à la clé la création de bureaux d’accueil et d’information touristique au sein de l’aéroport de Brazzaville, de Pointe-Noire et Dolisie ; la classification hôtelière, etc. Un programme qui s’exécute à travers un Plan directeur du tourisme financé par le gouvernement à hauteur de 2 millions de dollars. Ce financement atteindra 75 milliards de FCFA en cinq ans, projette la ministre du Tourisme et des loisirs, Arlette Soudan Nonault, annonçant récemment la création d’une structure d’ingénierie touristique baptisée « Socatour » qui devrait permettre aux partenaires de soumissionner aux marchés.

S’il est un autre secteur clé qui devra sortir le Congo de la dépendance pétrolière, l’agriculture figure en bonne place. Depuis 2008, le Projet de développement agricole et de réhabilitation des pistes rurales (Pdarp), que réalise le pays avec l’appui de la Banque mondiale, a permis en dix ans de réhabiliter 1301 km de pistes rurales ; de construire 41 infrastructures de marchés ; d’appuyer 910 microprojets, soit 12000 bénéficiaires ; de former les producteurs locaux ; d’équiper les services techniques de l’Etat. Les résultats satisfaisants de ce programme, pour lesquels le département de l’agriculture assure avoir doublé les revenus annuels des producteurs agricoles, encouragent le gouvernement congolais et la Banque mondiale à envisager un nouveau projet basé sur l’agriculture commerciale. Ce nouveau programme agricole estimé à plus de 100 milliards de FCFA, dont 60 milliards sont accordés par la Banque mondiale, vise notamment à consolider des acquis du Pdarp. Il pourrait, estime-t-on dans le secteur agricole, améliorer la contribution au PIB qui stagne à seulement 4% environ, malgré les 10 milliards d’hectares de terres arables que dispose le pays et dont seulement 2 % sont cultivées.

Même si le secteur forestier a bénéficié ces dernières années d’une mobilisation importante de ressources, avec une contribution de 5,6% au PIB, la diversification économique devra passer par ce pôle, deuxième ressource de revenus après le pétrole. Le Congo et la Banque mondiale prévoient un financement de 6,51 millions de dollars, soit prêt de 3,8 milliards de FCFA pour dynamiser les activités du Projet forêt et diversification économique (Pfde). Il vise à renforcer les fonctions forestières régaliennes et favoriser la croissance.

L’économie numérique, l’autre pilier

La révolution numérique est une opportunité de diversification économique. Le gouvernement entend faire du numérique un levier majeur pour la création d’emplois, la compétitivité des entreprises, l’attractivité du Congo en matière d’investissements directs et la diversification de l’économie.

Si les Technologies de l’information et de la communication (TIC) ne sont encore que faiblement implantées au Congo, le développement de ce secteur pourrait générer entre 2 et 3% de croissance du PIB, estiment certains experts. Pour l’heure, le pays ne figure pas dans le top 10 des pays africains qui intègrent le mieux les TIC à leur développement économique. Une vingtaine de pays qui tentent de mettre les TIC au cœur de leur stratégie de développement ont été, en effet, identifiés par le rapport 2016 du Forum économique mondial (WEF), réalisé sur le thème « l’innovation dans l’économie numérique ».

Toutefois, devant l’ambition de diversification, le numérique est désormais intégré dans l’agenda politique. La création en avril 2016 d’un ministère de l’Économie numérique et de la prospective, l’ouverture en janvier 2017 de la Grande école du numérique du Congo et le lancement de manifestations autour du numérique illustrent bien cette ambition.

Il faudra pourtant améliorer les infrastructures, corriger l’accès à l’Internet encore cher, réformer le cadre institutionnel et juridique et soutenir les initiatives privées. La stratégie nationale de développement de l’économie numérique assortie d’un plan d’action pour la période 2017-2021 est attendue.

L’installation de la fibre optique au Congo est en cours. Le raccordement de la ville portuaire de Pointe-Noire à Brazzaville, et de là, relier Ouesso, tout au nord du pays est réel grâce au projet Wacs. Un autre couloir de fibre optique relie Dolisie à Mbinda, sur la frontière gabonaise. Cette première phase du chantier pour la portion Dolisie-Mbinda s’est achevée en juin 2016 après un an de travaux. Le chantier entre dans le cadre de l’initiative Central Africa Backbone (CAB, dorsale de télécommunications en Afrique centrale) financée par la Banque mondiale à hauteur de 273 millions de dollars, qui a déjà relié le Cameroun, le Tchad et Sao Tomé et Principe à l’Internet haut débit. 

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

1- Une usine de la zone industrielle de Maloukou 2- l'accès à Internet de qualité à moindre coût constitue l'un des préalables à l'économie numérique

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