Congo/France : Clément Mouamba amorce le dialogue avec Michel Sapin avant la réunion de la zone franc

Samedi 10 Septembre 2016 - 13:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

En séjour privé, le Premier ministre Clément Mouamba a profité de sa présence à Paris pour rencontrer des autorités officielles et des chefs d’entreprise français pour faire un tour d’horizon de la coopération bilatérale, de la situation nationale et sous-régionale.

 

Michel Sapin : le Congo traverse une période cruciale

Le 6 septembre, le Premier ministre Clément Mouamba a rendu une visite de courtoisie au ministre français de l’Economie et des finances, Michel Sapin dans ses bureaux de Bercy. A bâtons rompus, les deux hautes autorités ont partagé leurs points de vue. C’est Michel Sapin  qui a planté le décor. Il a rappelé à Clément Mouamba ses engagements, sa connaissance des problèmes économiques et financiers, la tenue de la réunion de la zone Franc dans trois semaines à Paris, la « période cruciale » que traverse le Congo, et leurs retrouvailles vingt-quatre ans après.

Clément Mouamba a félicité Michel Sapin pour sa nomination. Celui-ci cumule désormais l’Economie et les Finances, après la démission d’Emmanuel Macron. Puis,  il a évoqué les relations bilatérales entre les deux pays, la France restant le premier partenaire du Congo, la situation avec l’opposition. Il a insisté sur son choix en faveur de l’apaisement, dans un pays qui n’avait plus eu le poste de Premier ministre depuis dix-neuf ans.

La situation économique du Congo est « difficile mais pas insurmontable »

Le Premier ministre a également rappelé ses rencontres en vue avec des partenaires français, ses origines politiques - il vient de l’opposition UPADS - dans un pays où l’économie connaît quelques soubresauts. « Ce n’est pas parce qu’on enlèvera Mouamba que tout va marcher », a-t-il dit.

Il a fait état d’une situation économique du pays  « difficile mais surmontable ». Il revient au Congo d’anticiper au lieu de se faire imposer les réformes par la communauté internationale, a-t-il dit. Soulignant que le Congo a revu ses dépenses et son budget à la baisse.

Un ajustement intelligent indispensable et un effort de pédagogie

Pour 2017, Clément Mouamba plaide pour un ajustement intelligent, une coordination de la dépense, un rythme différent de la gestion publique, un effort de pédagogie du à une baisse du taux de croissance dans le secteur pétrolier, aux conséquences multiples, notamment une hausse des arriérés et des licenciements dans certaines sociétés du secteur. Pour faire face, il préconise un étalement intelligent des dettes sur quelques mois, propose un programme aux créanciers, à travers un comité qui sera mis en place dont il prendra la tête.

Il a  aussi plaidé pour le déblocage des avoirs congolais en France, pour le bon fonctionnement de son ambassade à Paris. Michel Sapin a promis de saisir le Quai d’Orsay.

L’environnement régional à la rescousse des remous internes ?

Le Premier ministre a aussi décrit l’environnement sous-régional, les réflexions en cours au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), et des leçons à retenir. Il a indiqué que le Congo, champion des réformes, est prêt à accepter certaines contraintes. Enfin anticipateur, Clément Mouamba a dit avoir commencé à éponger la dette des partenaires pour donner de la crédibilité à son action, rappelant son pragmatisme.

Le Premier ministre a aussi présenté la situation politique préoccupante en Afrique centrale, notamment en Centrafrique, en RD Congo et au Gabon. En RD Congo, il a indiqué que ce pays frère a sollicité le président Denis Sassou N’Guesso dans le cadre du dialogue en cours entre le pouvoir et l’opposition. Mais le chemin semble encore long. Au Gabon, il a appelé  à un dialogue interne dans le souhait de la stabilité, dans ce pays où « la France connaît les hommes ».

Il a laissé entendre des craintes en matière de sécurité, à cause du terrorisme ambiant dans la région, et la peur des Congolais exempts jusqu’ici du phénomène, avant de demander le « soutien de la France ».

Clément Mouamba un « connaisseur qui ne cherche pas à éluder la situation » du Congo

Après une écoute très attentive, Michel Sapin a remercié son interlocuteur pour son « œil de connaisseur qui ne cherche pas à éluder la situation ». Il a regretté le « choc brutal » subi par le Congo à cause de la chute du pétrole. Il a fait part des préoccupations de la France pour les entreprises des Travaux Publics et la question des arriérés. Rassurant, il pense que les entreprises françaises doivent continuer à travailler.

Michel Sapin a surtout félicité Clément Mouamba pour son initiative, s’ « imposer des restrictions », qu’il a qualifié de « très bonne démarche pour éviter la spirale qui mène dans le trou, et pour éviter de passer sous le joug du Fonds monétaire international (FMI) ». Mais il a souligné un indispensable dialogue avec le FMI et les institutions de Bretton Woods, ainsi qu’avec le peuple congolais, pour éviter une « érosion progressive qui à terme pourrait être inquiétante ».

 Michel Sapin favorable à une démarche globale et régionale

De l’avis de Michel Sapin, il serait plus opportun d’entreprendre une démarche globale avec l’ensemble des pays de la zone Cémac, notamment le Gabon et le Cameroun, « pour discuter avec le FMI ». Il pense qu’il faut « inventer un chemin collectif », rappelant que le FMI a beaucoup changé depuis qu’il est dirigé par Christine Lagarde - qui sera présente à la réunion de Zone franc dans trois semaines. Il a affirmé la volonté de la France à jouer le rôle de facilitateur à tous les niveaux, auprès des pays de l’Afrique centrale, du FMI, d’autres institutions et d’autres pays. « La France est là pour garantir les contacts », a-t-il répété.

Clément Mouamba évoque un ajustement zonal

Clément Mouamba reconnaît que « l’ajustement doit être zonal », bien que les accords soient en général bilatéraux. Il a remercié la France et son ministre de l’Economie et des Finances,  Michel Sapin, pour cet engagement. Très volontariste, le Premier ministre pense que  c’est l’occasion pour la zone Franc d’ouvrir un débat large sur la situation économique et financière de certains pays africains. Et « s’il faut aller à Washington, j’y serai », a-t-il déclaré.

Les deux hautes personnalités, Clément Mouamba et Michel Sapin, se sont séparées confiantes et satisfaites de la qualité de leurs échanges. Le Premier ministre a précisé à son interlocuteur qu’il donnera des consignes adéquates à son ministre de l’Economie, du développement industriel et de la promotion du secteur privé, Gilbert Ondongo lors  de la réunion de la zone Franc.

 

 

 

Noël Ndong

Notification: 

Non