Coopération et développement : l’Egypte signe son retour en Afrique

Mardi 4 Août 2015 - 18:15

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En invitant 24 journalistes africains en Égypte, le ministère des Affaires étrangères de ce pays voulait leur permettre de découvrir « la nouvelle Égypte », celle qui a résolu de se lancer à la reconquête de l’Afrique

« L’Afrique est notre extension naturelle », a reconnu le ministre égyptien des Affaires étrangères, le 3 août, lors d’un échange avec des hommes et femmes de la presse et des médias de plus de dix pays d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de Djibouti. Le disant, Samef Choukry reconnaît l’erreur commise par son pays de s’être tournée vers l’Occident, le retard pris et le manque à gagner pour ce « géant » africain.

« Nous parlons bien de retour car l’Egypte a été à l’origine de la création de l’Organisation de l’unité africaine (Oua), aujourd’hui Union africaine ; elle a soutenu les pays africains dans leur lutte de libération et d’indépendance », explique le ministre égyptien. Mais cette politique impulsée par Nasser et sur laquelle s’est appuyée Sadate, avait connu un ralentissement sous Moubarack. « Sans rompre les relations diplomatiques avec les pays du continent, l’Egypte avait cessé de se manifester à travers des investissements économiques par exemple, ou une coopération assise sur des actions concrètes alors qu’elle dispose d’atouts pour le faire. « Mieux vaut tard que jamais ! », lance le ministre des Affaires étrangères en ajoutant que son pays n’est en compétition avec aucun autre. Une réponse à la question d’un journaliste qui lui a brandi « l’offensive » du Maroc sur le continent. « Au contraire, dit-il, si chaque pays peut contribuer à cette bataille, l’Afrique relèverait d’importants défis en matière de développement » et pourrait faire un pied de nez à l’Occident qui ne l’a pas aidé à émerger.

Un instrument au service de l’Afrique

La nouvelle politique africaine de  l’Égypte s’appuie sur un instrument mis en place depuis juillet 2014  par l’Agence égyptienne de partenariat pour le développement (AEPD).

Pilotée par le Dr Hazem Fahmy, cette agence (version égyptienne de l’AFD) intervient dans de nombreux secteurs comme la diplomatie, la santé, l’agriculture, la sécurité, la justice, l’énergie avec à la clé des financements et des formations pour des ressortissants des pays de l’Afrique subsaharienne. « Au-delà des échanges d’expériences, nous apportons notre expertise aux frères africains. Dans le domaine de la santé, nous intervenons sur des maladies difficiles », a précisé le Dr Hazem. Il a annoncé l’organisation en octobre prochain d’un forum économique dont l’objectif est d’ouvrir des relations commerciales et économiques entre l’Egypte et les autres pays africains.

Quelle réponse contre le terrorisme ?

Pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés, le gouvernement égyptien a mobilisé un important fonds pour rendre l’action de l’AEPD efficace. C’est fort de sa stabilité politique retrouvée que le pays des pharaons affiche ses ambitions pour l’Afrique. Mais le peut-elle si le continent est miné par des conflits et pris en otage par des groupes terroristes. Le ministre égyptien des Affaires étrangères a annoncé une importante réunion à laquelle son collègue de la Défense entend convier ses pairs africains. Objectif : leur partager l’expérience égyptienne en matière de lutte contre les terroristes et évaluer avec eux les meilleures approches de riposte à apporter à la menace des extrémistes.

Figure de proue de la diplomatie égyptienne en Afrique, Mohammed Faiq, a partagé son expérience avec la presse africaine qu’il a reçue, le 4 août, à la Commission nationale des droits de l’Homme dont il a désormais la charge. Pour avoir été l’homme de Gamal Abdel Nasser auprès des pays africains en quête de libération et d’indépendance, ce presque nonagénaire ne désespère pas face au terrorisme. Pour lui, la réponse est dans la volonté politique des gouvernants africains et dans la conjugaison des efforts plutôt que dans l’attentisme ou les complaintes.

 

 

Jocelyn Francis Wabout (Le Caire)

Légendes et crédits photo : 

Le ministre égyptien des Affaires étrangères posant avec des journalistes africains

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