Coopération: la Cour royale de Mbé réaffirme sa volonté d’œuvrer aux côtés du Mémorial Savorgnan de Brazza

Mardi 21 Octobre 2014 - 15:30

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Cette volonté a été manifestée lors de la visite qu’a effectuée la reine Ngalifourou, au Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, le 20 octobre dernier.

Cette femme d’exception qui est considérée comme l’une des icônes du royaume téké dont elle a ouvert le chemin aux femmes, a été reçue au Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza par Bélinda Ayessa, la directrice dudit site. Après avoir exprimé sa joie, suite à l'accueil dans ce lieu historique de la reine Ngalifourou, Bélinda Ayessa a tenu à remercier le royaume Téké par le truchement de la reine, pour cette visite hautement symbolique. Elle a tenu aussi à exprimer sa reconnaissance quant au soutient multiforme et spontané que le roi et la reine apportent au Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza.

La reine qu’accompagnait le prince Louis Nsalou, porte-parole de la cour royale a pour sa part réaffirmer sa volonté d’œuvrer aux  côtés des responsables du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza pour mettre en lumière l’histoire de Makoko et de Savorgnan de Brazza. Elle a ensuite dit sa joie de se retrouver au Mémorial, un lieu rférenciel  où se repose en paix leur ami et frère Pierre Savorgnan de Brazza. Les deux personnalités ont par ailleurs abordé en profondeur des questions relatives au développement des relations entre le royaume téké et le Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza.

« L’amitié entre Pierre Savorgnan de Brazza et Iloo 1er Makoko était profonde et vraie. Et pour rappeler cette amitié séculaire, il nous importe de créer aujourd’hui un axe touristique entre le Mémorial et le royaume téké. Ce qui serait même plus intéressant, c’est d’inciter les touristes à arriver jusqu’à Ngabé », a déclaré en substance Bélinda Ayessa.

Les deux dames ont également évoquées le récent séjour à Mbé des descendants de Savorgnan, Corrado Pirzio Biroli et Speronella de Brazza. La reine Ngalifourou a dit la satisfaction du royaume d’avoir reçu la famille  de de Brazza à Mbé. Elle a  exprimé la satisfaction du royaume quant à l’érection achevée de la tombe en forme de catafalque du roi Ilo 1er, ceci grâce à l’implication personnelle du président de la République, Denis Sassou N’Guesso. La reine a enfin lancé un message de paix, d’amour et de bénédiction à tous les enfants du Congo.

Qui est la reine Ngalifourou ?  

La reine Ngalifourou autrement dit la reine Ngantsibi (rôle qu’elle joue au sein de la cour royale) est la souveraine respectée. Naquit en 1864, la reine Ngalifourou fut intronisée reine et succéda à son époux le roi Ilo 1er qui, en 1880, signait avec l'explorateur de Brazza le traité qui donna naissance à Brazzaville. La reine Ngalifourou ou reine Ngantsibi encore appelée femme de pouvoir, est en effet la seule à reconnaître l’authenticité et la légitimité des différents prétendants au trône. Elle les investit avant l’intronisation. Elle est aussi chargée de la gestion du « Nkouembali », une sorte de pouvoir magique ancestral;  et préside l’inhumation des vassaux du roi. Cependant, la reine Ngantsibi n’est pas la femme du roi.

L’importance et la place que les tékés avaient concédé à la reine Ngalifourou lui permettait de traiter directement avec les autorités coloniales les plus importantes. La souveraine rencontrera par exemple le général de Gaulle à plusieurs occasions. Et, c’est notamment grâce à Ngalifourou que les Français parviendront à vaincre les troupes nazies dans les déserts africains, victoire qui conduira à la libération de Paris en août 1944, car c’est la reine, suite à une discussion avec de Gaulle lui-même, qui sollicita l'aide des soldats tékés à leur homologues français.

Le rôle qu’a joué la souveraine des tékés dans l’histoire est très important aux yeux des colons français. Beaucoup n’apprécient d’ailleurs pas cette attitude coopérative et collaborative qu’elle avait entretenue avec ces derniers. Il faut cependant comprendre la curiosité des Français face à cette souveraine hors du commun. Trente ans après la mort de Pierre Savorgnan de Brazza, les femmes françaises occupaient encore des places de femmes au foyer. Elles n’avaient ni le droit de voter, ni celui de participer aux activités politiques et administratives. Alors que la plus grande préoccupation de l’administration coloniale était de « civiliser » la société africaine, la position qu’occupait Ngalifourou était une rare exception. C’est ainsi que suite au rôle que la souveraine aura joué dans cette bataille entre les Français et les Nazis, la France lui reconnaît des mérites éminents, en lui conférant des décorations militaires, civiles et coloniales : la Croix de chevalier de la légion d’honneur ; les décorations du Bénin et l’Etoile d’Anjouan. Elle fut également détentrice d’une épée, dénommé, il y a des siècles, « Epée de Brazza ».

Décédée le 8 juin 1956, la reine Ngalifourou mère du peuple téké dont la mémoire restera particulièrement vivace dans l’histoire du Moyen Congo, a été enterrée une année plus tard dans un tel faste qu’on en parle encore. Si beaucoup n’ont pas toujours compris sa relation avec les occupants, on retiendra d’elle cette prestance et ce courage des femmes noires qui ont su marquer leur époque. Il faut dire que l'actuelle reine, en la personne de Ngalifourou Joséphine est la troisième au trône du Royaume Téké.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: La reine Ngalifourou accompagné du prince Nsalou s'entretenant avec Bélinda Ayessa Photo 2: La reine Ngalifourou reçu au Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza