COP21 : les premières lignes de fractures apparaissent entre les pays du Nord et les pays du Sud

Mercredi 2 Décembre 2015 - 17:30

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Au lendemain de l’ouverture de la COP21, les négociateurs techniques sont entrés en scène pour rendre concrets les vœux des chefs d’Etat et de gouvernement, présentés à la communauté internationale, en vue  de la signature d’un premier accord universel pour limiter la hausse de la température en dessous de 2 °C à l’horizon 2100, par rapport à l’ère préindustrielle

Leur mission est d’élaborer un texte de base à l’accord final. Un préaccord est attendu le 10 décembre. Il sera ensuite transmis aux ministres chargés de négocier l’accord final.

Les pays du Nord et ceux du Sud n’ont pas attendu pour montrer leurs dissensions. C’est d’abord la Chine, qui a appelé les pays du Nord à leurs responsabilités de premiers pollueurs, et donc de financer la transition énergétique des pays du Sud. L’Inde n’a pas été en reste. Elle a affirmé son opposition d’abandonner les énergies fossiles.

L’Afrique pose ses conditions dans les négociations. A savoir : une réduction des GES des pays industrialisés et un soutien financier permettant la réorientation de son développement vers des modèles plus faibles en carbone, ainsi qu’une aide adaptée aux conséquences du réchauffement climatique, dont elle est la première victime. Elle compte donc « imposer » ses intérêts.

Le changement climatique, un enjeu existentiel pour l’Afrique

La patronne du G7, la sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko parle d’une question de vie ou de mort pour l’Afrique. Elle veut « exiger des pays industrialisés de plus grands efforts de réduction de leurs  émissions GES et une solidarité financière … [Car] pour nous, le changement climatique est un enjeu existentiel. C’est une question de vie ou de mort », dénonçant un projet qui veut être « dicté par les intérêts du Nord ».

Le ministre égyptien Khaled Fahmy, dont le pays est à la tête de la Conférence des ministres africains de l’Environnement, appelle  les pays industrialisés à  soutenir l’initiative africaine sur les énergies renouvelables. Pour le porte-parole du groupe Afrique, le malien Seyni Nafo, « le combat ne s’arrêtera pas à Paris ».

La future présidente de la COP22, la ministre marocaine de l’Environnement, Hakima El Haite mesure « l’espoir sans précédent » que présente la COP21 de Paris dont un échec serait « le pire des scénarios ». Elle appelle les pays riches à apporter leur soutien financier et technologique, s’ils tiennent à ce que l’Afrique se développe autrement.

Le président du Pan African Climate Justice Alliance, Mithika Mwenda,  rappelle aux pays industrialisés leur responsabilité dans le changement climatique, et refuse que les pays africains acceptent toute pression et « bradent les attentes de leurs populations déjà touchées par les conséquences du réchauffement ». 

La relève du défi climatique en Afrique est estimée à 250 milliards de dollars pour une population estimée à 1,1 milliard d’habitants et responsables que de 4% des émissions  mondiales de GES. Pour aider les pays du Sud, ceux du Nord,  responsables historiques du réchauffement, ont promis de mobiliser 100 milliards de dollars d’ici à 2020. Environ 62 milliards auraient déjà été octroyés. Néanmoins, les bénéficiaires de ce fonds vert demandent à ce que cette somme soit revue à la hausse après 2020.

Les petits archipels du Pacifique commeTuvalu, militent pour rester sous la barre de 1,5 °C.  Car avec un réchauffement de 2 °C, la mer gagnerait entre 3 et 6 mètres selon les scénarios.  Ils veulent obtenir un effort supplémentaire.

Les négociations ne sont qu’à leur balbutiement, personne ne peut savoir quelle forme prendra le pré-accord  qui sera présenté,  le 5 décembre, au président de la COP21, Laurent Fabius. Le président français,  François Hollande a plaidé, à l’ouverture de la conférence pour un « texte ambitieux, universel et contraignant ».  Les Etats-Unis refusent toute « contrainte ».  Pour leur secrétaire d’Etat John Kerry, « ce ne sera certainement pas un traité ». Il ne veut pas  entendre parler «  des objectifs de réduction juridiquement contraignants ».

 

 

Noël Ndong

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