Coronavirus : l’Afrique subsaharienne pourrait connaître sa première récession

Vendredi 10 Avril 2020 - 14:00

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Touchée de plein fouet par la pandémie de coronavirus, la croissance en Afrique subsaharienne devrait se rétracter fortement, passant de 2,4 % à -5,1 %, plongeant la région dans sa première récession en un quart de siècle, selon le rapport semestriel de la Banque mondiale publié le 9 avril.

« La pandémie COVID-19 met à l’épreuve les limites des sociétés et des économies dans le monde entier, et les pays africains risquent d‘être particulièrement touchés », a déclaré Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique.

A cet effet, les auteurs du rapport recommandent aux décideurs africains de se concentrer sur « le sauvetage des vies et la protection des moyens de subsistance en s’attachant à renforcer les systèmes de santé et à prendre des mesures rapides pour minimiser les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire ». Ils exhortent également de mettre en œuvre des programmes de protection sociale, y compris des transferts d’argent liquide, la distribution de nourriture et des exemptions de frais, pour soutenir les citoyens, en particulier ceux qui travaillent dans le secteur informel ».

L’analyse chiffre les pertes de production liées à la pandémie de Covid-19 entre 37 et 79 milliards de dollars en 2020 en raison d’une combinaison d’effets : la perturbation du commerce et de la chaîne de valeur ; la réduction des flux de financement étrangers provenant des envois de fonds, du tourisme, des investissements directs étrangers et de l’aide étrangère, combinée à la fuite des capitaux ; l'impact direct sur les systèmes de santé, et les perturbations causées par les mesures de confinement.

La croissance du produit intérieur brut réel devrait chuter fortement, en particulier au Nigeria, en Angola et en Afrique du Sud, en raison de la faiblesse persistante de la croissance et des investissements.

Ls pays exportateurs de pétrole seront également durement touchés ; la croissance devrait aussi s'affaiblir considérablement dans les deux régions qui connaissent la croissance la plus rapide, à savoir l’Union économique et monétaire ouest-africaine et la Communauté d’Afrique de l’Est, en raison de la faiblesse de la demande extérieure, des perturbations des chaînes d’approvisionnement et de la production intérieure. Le secteur du tourisme de la région devrait se contracter fortement à cause de graves perturbations dans le domaine des voyages.

Par ailleurs, la crise sanitaire pourrait avoir un impact sur la sécurité alimentaire. La production agricole pouvant se contracter de 2,6 % et jusqu’à 7 % en cas de blocage des échanges. Les importations de denrées alimentaires diminueraient considérablement (jusqu’à 25 % ou même 13 %) en raison de la combinaison de coûts de transaction plus élevés et d’une demande intérieure réduite.

Le rapport indique que plusieurs pays africains ont réagi « rapidement et de manière décisive » pour freiner l’afflux et la propagation potentiels du coronavirus, conformément aux directives internationales. Toutefois, le texte souligne plusieurs facteurs qui posent des problèmes pour les mesures de confinement et d’atténuation, en particulier les établissements urbains informels importants et densément peuplés, le faible accès à l’eau potable et aux installations sanitaires, et la fragilité des systèmes de santé.

« L’ampleur de l’impact dépendra de la réaction du public dans les pays respectifs, de la propagation de la maladie et de la réponse politique. Et l’ensemble de ces facteurs pourrait entraîner une réduction de la participation au marché du travail, une sous-utilisation du capital, une moindre accumulation de capital humain et des effets de productivité à long terme », précise le rapport.

Les auteurs soulignent la nécessité d’une réponse politique adaptée pour « refléter la structure des économies africaines, en particulier l’important secteur informel et les contraintes particulières auxquelles les décideurs politiques sont actuellement confrontés, notamment la détérioration des positions budgétaires et la vulnérabilité accrue de la dette publique, ainsi que la faible capacité opérationnelle globale de réponse ».

Yvette Reine Nzaba

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