Coronavirus : les Européens préparent des mesures concertées, le monde se recroqueville

Lundi 16 Mars 2020 - 18:30

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Les Européens tentaient de préparer lundi des mesures concertées face à la pandémie de Covid-19 dont le bilan  vient de passer à 7000 morts dans le monde, notamment en Europe où l'explosion du nombre des malades pousse les Etats à confiner leurs populations et à fermer leurs frontières.

A l'intérieur même de l'Union européenne, de nombreux pays cherchent à se protéger en s'isolant toujours plus, mettant à mal le principe européen de libre circulation.

 Lundi matin, l'Allemagne a mis en œuvre des contrôles à ses frontières avec cinq pays : France, Autriche, Suisse, Danemark, Luxembourg. Plus tard dans la journée, l’Espagne annonçait la fermeture de ses frontières.

 Des restrictions qui s'ajoutent à une cascade de mesures prises dans les différents pays européens. Ecoles et universités, restaurants, bars, discothèques, cinémas, sont désormais fermés un peu partout, y compris les pubs en Irlande. Le monde du sport est à l'arrêt ou à huis clos, les musées restent clos et les annulations d'événements culturels se multiplient.

 En France, le gouvernement après avoir fermé les écoles, crèches, universités, commerces non essentiels et autres rassemblements publics, annonçait en fin d’après-midi le report du second tour des élections municipales tandis que la ville de Moscou annonçait la fermeture à compter du 21 mars de toutes les écoles.

Lundi noir sur les marchés

 Les marchés boursiers reflétaient cette humeur avec un lundi noir malgré l'offensive des banques centrales.

 La Réserve fédérale américaine (Fed) a brutalement abaissé dimanche ses taux d'intérêt à zéro et participé à coups de centaines de milliards de dollars à une action mondiale concertée avec les banques centrales du Japon, du Royaume-Uni, du Canada, de Suisse pour approvisionner le monde en liquidités.

 Des annonces qui n'ont pas suffi à rassurer les marchés, tétanisés par les craintes d'une récession mondiale face à une pandémie qui semble ralentir dans son berceau asiatique mais se propage sur les autres continents. La Bourse de New York poursuivait sa dégringolade lundi après la reprise des échanges, interrompus peu après l'ouverture. Son indice vedette, le Dow Jones s'effondrait vers 13H50 GMT de 11,84%.

L'Union européenne prévoit pour sa part une récession en 2020 de 2 à 2,5%, a annoncé lundi le commissaire européen chargé du Marché intérieur, Thierry Breton, tandis que la Chine a fait état du premier recul de sa production industrielle en près de 30 ans et d'un effondrement des ventes de détail.

Plusieurs grandes compagnies aériennes ont fortement réduit la voilure. La compagnie allemande Lufthansa va ainsi supprimer jusqu'à 90% de ses capacités de vols long-courriers dans le contexte d'une chute sans précédent du trafic aérien dans le monde.

 

Le nombre de contamination s’accélère

Dans le monde entier, le nombre des cas de Covid-19 recensés officiellement s'établissait lundi matin à 168.250 personnes, 6.501 décès dont 2.335 en Europe où le nombre des contaminations s’accélère notamment en Italie, en Espagne et en France.

L'Italie (1.809 morts pour 24.747 cas) n'a pas "encore atteint le pic" de contagion, a averti son Premier ministre tandis que deuxième pays le plus touché d'Europe, l'Espagne (9.191 cas dont 309 morts) a enregistré près de 1.500 nouveaux cas en 24 heures.

En France (127 morts et 5.423 cas avec plus de 400 personnes hospitalisées en état grave), la situation "est très inquiétante" et "se détériore très vite", selon les autorités.

Ailleurs dans le monde, l'Iran, le troisième pays le plus touché du monde, a donné lundi son bilan le plus lourd sur 24 heures avec 129 décès supplémentaires, portant le total à 853.

 

Les frontières se ferment

Le Chili a emboîté le pas lundi à l'Allemagne, la Russie, la République tchèque, l'Argentine, la Colombie ou encore le Guatemala qui ont annoncé dès dimanche la fermeture totale ou partielle de leurs frontières. La Suisse a décrété l’état d’urgence lundi après-midi tandis qu’aux Etats-Unis le gouverneur de l’Etat du New Jersey annonçait un couvre-feu sur tous les commerces et déplacements non essentiels.

 En Afrique, le Maroc (29 cas, un décès) fermait lundi soir tous ses hammams, cafés, restaurants, théâtres, cinémas et salles de sport après avoir suspendu tous les vols internationaux. Le Kenya a fermé ses frontières dimanche, les Seychelles ont interdit l'arrivée de navires et de voyageurs venus de Chine, de Corée du Sud, d'Iran et d'Italie. Le Rwanda, qui a confirmé son premier cas ce week-end, a annoncé la fermeture des écoles et des églises pour deux semaines, et interdit les concerts et les rassemblements de masse. Le Burundi voisin a imposé une quarantaine obligatoire pour les arrivants. Le Ghana a annoncé dimanche soir la fermeture de toutes ses écoles et universités, et suspendre tout rassemblement. L'Afrique du Sud, le Kenya ou l'Ouganda, ont adopté des mesures de restrictions aux frontières et les cas se multiplient sur le continent. pour tenter de limiter la propagation du coronavirus.

 La Chine semble avoir enrayé la propagation du virus avec seulement 16 nouveaux cas lundi, dont 12 importés de l'étranger.

 

Encadré 1

Les Bourses du Golfe s'effondrent, emportées par la chute du pétrole

Les Bourses des pays du Golfe, très dépendants du secteur de l'énergie, se sont effondrées lundi, à l'exception du Qatar, emportées par la chute des prix du pétrole sur un marché où la demande ralentie en raison de la pandémie du nouveau coronavirus.

A la mi journée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai est tombé à 30,22 dollars à Londres, en baisse de 10,66% par rapport à la clôture de vendredi, un niveau jamais enregistré depuis février 2016.

A New York, le baril américain de WTI pour avril chutait de 8,04%, à 29,18 dollars, au-dessus de son dernier plancher atteint lundi dernier à 27,34 dollars.

Dans le Golfe, les Emirats arabes unis ont essuyé les plus lourdes pertes : les marchés d'Abou Dhabi et de Dubaï ont respectivement plongé de 7,8% et 6,2%. Les deux Bourses semblent avoir fait peu de cas de l'appui financier annoncé lundi par le gouvernement, en plus d'un plan de relance de 27,2 milliards de dollars dévoilé la veille pour soutenir l'économie contre les retombées du Covid-19.

Ces six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont pris des mesures de précaution drastiques contre le nouveau coronavirus, dont des restrictions, voire des suspensions, du transport aérien ou la fermeture des frontières et d'une grande majorité des lieux publics non essentiels.

Près de 1.000 cas de Covid-19 ont été enregistrés dans le Golfe. Et Bahreïn a annoncé lundi le premier décès dans la région dû à la maladie.

 

Encadré 2

La Banque centrale nigériane (CBN) a annoncé lundi la création d'un fonds de soutien à l'économie du pays le plus peuplé d'Afrique, durement impactée par les effets du coronavirus, ainsi que d'autres mesures de soutien au secteur de la santé.

L'économie du Nigeria, premier producteur de pétrole en Afrique subsaharienne, subit de plein fouet la chute des cours mondiaux du baril liée à la baisse de la demande chinoise et à la guerre des prix que se livrent l'Arabie saoudite et la Russie.

D’après AFP

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