Corruption en Afrique : La CEA appelle à la prise en compte de la dimension internationale et transfrontalière du phénomène

Lundi 2 Mai 2016 - 13:26

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La Commission économique pour l'Afrique (CEA) a publié un rapport intitulé « mesurer la corruption en Afrique : prendre en compte la dimension internationale », qui propose une autre approche du phénomène.

Ce travail rompt avec l'approche de certains organismes, notamment Transparency International (TI) et la Banque mondiale (BM), qui tiraient leurs conclusions à partir des perceptions établies à la suite des chiffres qui reviennent depuis 1990. Ce rapport précise que ses « enquêtes appartiennent à un cercle d'individus, notamment des hommes d'affaires, des hommes de médias et des personnalités non étatiques ».

La CEA appelle à la prise en compte de plusieurs paramètres pour mieux saisir le phénomène de la corruption dans sa dimension internationale et transfrontalière. Quatre thèmes sont abordés, dont le renforcement de l'appropriation et la participation dans la planification du développement ; l'amélioration de la transparence et la responsabilité ; la création des institutions de gouvernance régionale et mondiale.

Les experts appellent au croisement de la perception avec des critères objectifs et les faits, invitant les acteurs à étendre leur champ d'investigations au-delà des individus et des personnalités politiques, terrain favori des « perceptionnistes » pour aussi prendre en compte le rôle des multinationales. Pour eux, il est impérieux de s'attaquer aux problèmes de la corruption en Afrique dans sa totalité, sans occulter les aspects de rapatriement des avoirs et de blanchiment d'argent.

Le rapport remet en cause la définition traditionnelle et étroite de la corruption comme « abus de charge publique à des fins privées ». Une définition qui mettrait trop d'accent sur « la fonction publique et sur la légalité apparente de l'acte », négligeant les tendances de la corruption qui prévalent dans les secteurs privés et non étatiques. En effet, les organismes qui avaient pignon en la matière excluaient de leur champ de travail de nombreuses entreprises privées nationales et étrangères exerçant «  une influence indue de nature à amener l'Etat à prendre des lois et des règlements à leurs avantages ».

L'approche néolibérale du fléau met l'accent sur les tares du secteur public, tout en ignorant le rôle du secteur privé dans la survivance du phénomène. Global Intergity estime entre 1200 et 1400 milliards de dollars les flux financiers perdus par l'Afrique entre 1980 et 2009, dont 3% représentent des pots-de-vin ou malversations, 30 à 35% représentant des activités criminelles et 60 à 65% les transactions fiscales des multinationales.

En effet, dans les années 90, l'Union africaine (UA) estimait déjà à 148 milliards de dollars le montant des avoirs soustraits au continent tous les ans par ses dirigeants, soit 25% de son Pib. Plus qu'une approche culturelle, sous-entendue dans certains rapports, la corruption s'explique surtout par des procédures administratives inadéquates et l'absence de transparence. Mais elle peut être vaincue. Donc, pas de fatalisme. C'est le cas de Singapour et de Hong Kong.

Le rapport appelle aussi à la prise en compte de la dimension extérieure et transnationale du phénomène. Il refuse de fournir un classement par pays, pour émettre des recommandations fortes, dont le renforcement de la transparence et l'obligation de rendre compte ; la promulgation des lois sur la liberté de l'information ; le renforcement de la participation de la population dans les programmes de planification économique et le renforcement de l'architecture régionale et mondiale de la gouvernance.

Noël Ndong

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