Couleurs de chez nous. Affaire d’ascaris

Jeudi 26 Septembre 2019 - 20:48

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Voici que les Congolais ont pris cette habitude de manger en public et partout. Nouveau comportement, car il y a des années, les mêmes Congolais refusaient de manger en public ou dans la rue.

Une attitude dictée par les « idées reçues » telles que celle d’attraper des ascaris ou de se les faire « jeter » mystiquement. Dans les villages comme dans les quartiers, cette affaire d’ascaris avait longtemps faussé les rapports entre individus et entre familles. Au-delà, c’était le vivre-ensemble qui était mis en cause.

Parce que le manque d’informations sur les autres communautés renforçait la méfiance qui, elle-même, se nourrissait d’arguments du genre « cette famille est spécialisée dans le sort des ascaris ». Les mamans éduquaient leurs enfants avec ces « idées reçues » pour les empêcher de fréquenter d’autres enfants. Sur ces considérations, les idées ont glissé au point de soupçonner même les mets d’autres terroirs. Ceux-ci rechignent de manger les chenilles et ceux-là n’acceptent pas que leur marmite serve à la cuisson de la viande de boa.

Ce comportement intégrait cette stratégie d’éducation culturelle et sociale. Pour éviter une totale liberté dans la prise des repas, les anciens savaient inventer des stratagèmes. Le sort d’ascaris fait partie de bien d’autres idées reçues qui permettaient le respect des principes.

Ainsi allait le Congo !

Aujourd’hui, les choses ont évolué et plusieurs explications sont avancées. Au nom du Dieu qu’ils prient, certains Congolais ne croient plus à ce sortilège dit d’ascaris. Il suffit de faire le signe de croix ou de réciter une prière pour conjurer le sort et détruire les ascaris qui se seraient logés mystiquement dans le ventre.

D’autres, pour avoir beaucoup voyagé, ont découvert les cultures et mentalités d’ailleurs tout en les épousant. A propos, les mariages avec des personnes d’autres ethnies et départements ont contribué à l’évolution des mentalités.

Il y a bien d’autres arguments comme le fait de se retrouver dans un contexte qui ne permet pas de s’accrocher à ce type de croyances : le cas des longs voyages par avion, bateau ou train au cours desquels des repas sont servis.

Cependant, depuis qu’ils ont contourné ce risque « d’attraper » les ascaris, de nombreux Congolais ne choisissent plus le lieu de leur repas. Il est de plus en plus fréquent de les voir manger dans le bus malgré la promiscuité. Fuyant la chaleur de la maison, certains sortent manger dans la rue, devant leurs maisons. Même les visiteurs de malades hospitalisés se permettent cette liberté de prendre le repas dans ce lieu fait d’exigences.

Des comportements que les fonctionnaires ont fini par adopter. Faute d’aller au restaurant ou empêchés de jouir de la pause, de nombreux agents de l’Etat transforment leurs bureaux en salles à manger. Voire en marché car, ici désormais, des fonctionnaires s’autorisent de vendre des produits alimentaires : sandwiches, salades, crudités, grillades, frites, etc.

Ainsi va le Congo !

Van Francis Ntaloubi

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