Couleurs de chez nous: "Balabala ya l’Etat"

Dimanche 27 Août 2017 - 22:44

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On est tenté de traduire par « la rue de l’Etat ». Mais, on peut s’accorder pour « espace public ». Au Congo, l’espace public est assimilable à une zone de non-droit car chacun peut y faire ce qui bon lui semble : déverser les ordures, renverser des eaux souillées, creuser des trous, placer des obstacles, etc.

Quand les auteurs de ces actes sont interpellés, leur réponse est « Eza balabala ya l’Etat », c’est un espace public, une cour commune. En d’autres termes, pour ces citoyens, l’Etat est orphelin et il n’a personne pour défendre ses intérêts. 

Devant l’absence de sanctions, les Congolais ont transformé ces vices en normes sociales. Occuper la rue, sans autorisation, passe pour un mode de vie, une culture partagée entre Congolais.

On le constate chaque fois qu’ils ont des manifestations. À l’occasion des mariages ou d’un décès, d’un anniversaire ou même d’une réunion quelconque, les rues et avenues sont allègrement envahies ou barrées. Si les passants réussissent à se faufiler pour aller d’un coin à l’autre de la «rue barrée », les automobilistes, eux, sont contraints de manœuvrer ou de faire marche arrière avec toutes les conséquences possibles.

Les églises qui, devraient briller par l’exemple, ont, elles aussi, décidé de pratiquer cette religion des inciviques : l’occupation anarchique de l’espace public. En doutez-vous ? Sortez les dimanches et parcourez les rues et avenues de Brazzaville, Pointe-Noire et des autres localités du Congo pour mieux prélever la température. Outre la nuisance sonore dont d’honnêtes gens s’accommodent difficilement, il y a surtout cette invasion des rues.

Assis sur des chaises en plastique, bibles en mains, yeux fermés et priant à tue-tête, ces femmes et hommes restent indifférents aux klaxons des automobilistes et à toutes autres supplications des passants. De même qu’ils sont aveugles aux jeux dangereux et aux courses poursuites de leurs enfants non encore instruits au fait religieux.

Dans cette dénonciation de nos déviances communes, il faut citer les commerçants de boissons. Ici, ce sont notamment les jeunes qu’il faut indexer avec cette habitude qu’ils développent de former un cercle au milieu de la rue ou de se placer de part et d’autre de celle-ci. Un dispositif qui intrigue souvent certains passants en ces temps de criminalité croissante (phénomène kuluna). Si bien que des jeunes filles n’hésitent pas de faire volte-face pour éviter de passer au milieu de cette armée de jeunes déjà en état d’ébriété.

On sait que depuis des années, et faute d’espaces de jeu et de sports, les enfants ont toujours envahi les rues et avenues pour jouer à la pelote, au « toucher-jouer » ou au « mwana-foot ».

Quoi qu’il en soit, le combat contre ce phénomène doit figurer parmi les priorités et défis des maires nouvellement élus avec l’ensemble des conseillers locaux qui les accompagnent.

Van Francis NTALOUBI

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