Couleurs de chez nous : codes congolais

Samedi 4 Novembre 2017 - 9:57

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Et si le monde était régi par des codes ? Ce sont ces signes et symboles qui nous guident, nous orientent et nous servent de repères. Ainsi parle-t-on de « Code de la route ». Certains sont écrits, d’autres ne le sont pas. Il y en a d’universels et d’autres qui sont propres à une communauté, à un peuple, à une profession ou un corps de métier, à une catégorie d’âges, etc.

On connaît le symbole qui représente la pharmacie comme on connaît celui qui représente l’aéroport. Dans certaines zones, il existe des panneaux pour renseigner sur la présence des explosifs ou le passage des trains. On convient que le code est une forme de langage tacite, mais entendu, et compris par le fait de la pratique ou de l’habitude.

Quand on arrive à Brazzaville, à Ouesso, à Komono ou à Mossaka, il y a des codes essentiellement compris par ceux qui y habitent, ceux connus des autres Congolais et d’autres qui le sont par l’ensemble des humains. Une palme désigne, simple rappel, un décès. Ceci fait partie du langage codé des Congolais. Mais des feuilles de marantacées séchées, placées dans une cuvette ou fixées sur un poteau, désignent un endroit où est vendu le manioc.

C’est sur cette base que se constitue le nouveau code de communication congolais. Un pneu posé au coin d’une artère désigne une vulcanisation ; des bouteilles vides sur un étal, devant une habitation, suppose la vente du pétrole alors que la bouteille avec de l’eau savonnée ou moussante symbolise la vente du vin de palme. Une enseigne que les initiés connaissent et, au passage, ils peuvent discrètement glisser dans l’habitation par une porte cochère pour y ingurgiter « une dose adulte ».

Les consommateurs du fameux « liboké », poisson frais à l’étouffée, savent dans l’entremêlement des rues et des maisons, se retrouver. Le symbole ici est facile : il s’agit d’un emballage fait de feuilles de marantacées de taille moyenne mais au contenu vide. Le foufou (aliment de base des Congolais) a aussi son symbole : le «quaker » ou ce qui en tient lieu. Le Quaker ? En effet, il y a des années, la farine de foufou était vendue dans des « boîtes de quaker », vides, parce que le vrai Quaker a été consommé. Ces boîtes comme celles du lait « Guigoz » ont servi d’unité de mesure pour le foufou. Et, par métonymie, on appelle « quaker » la boîte qui, plus tard, deviendra le symbole pour orienter les consommateurs du foufou.

Avec l’urbanisation, des quartiers entiers ont commencé à manquer de l’eau. Une préoccupation pour les « nantis », contraints de réaliser des forages. D’abord pour eux-mêmes. Puis : bon gré, mal gré, ils en ont fait pour les « voisins » et les habitants du quartier. Le code étant le tuyau aux allures de serpent avec le bout suspendu sur un poteau qui se termine en forme de V.

Il est fréquent de trouver une ou deux bouteilles de bière ou de jus suspendues sur un mur d’habitation. Un code pour ceux qui ne peuvent pas lire ou mieux renseigner les adeptes de Bacchus. Bref, les codes sont nombreux au Congo pour informer sur différents produits de consommation, voire sur des activités humaines et sociales.

Van Francis Ntaloubi

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