Couleurs de chez nous: Course ou Bourse ?

Mercredi 27 Septembre 2017 - 1:51

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Le transport en commun est un enjeu de la modernisation et de l’urbanisation. Un secteur de plus en plus stratégique au point que sa gestion et son fonctionnement cristallisent les regards. D’où les nombreux soins dont il bénéficie, car les grandes villes sont jugées d’abord par la qualité de leur système de transport.

Ville moderne, sur bien d’aspects, Brazzaville n’échappe pas à la règle. Même quand il est laissé entre les mains des privés, le transport relève de l’Etat dont la responsabilité est d’en définir les règles de jeu et les modalités d’exploitation.   

Mais à Brazzaville, le transport reste une affaire d’initiés, d’humeurs et d’adaptabilité. C’est moins dire. Où que vous soyez, dans un coin de la ville, vous verrez passer les voitures et les autobus aux couleurs verte et blanche. Sur ces derniers, aucun écriteau n’indique la direction. Le contrôleur crie, souvent, le long du trajet. Il crie pour ceux qui sont le long du trottoir, à voix haute, une destination ou un itinéraire que seuls les natifs ou habitants de la ville maîtrisent.

Il crie aussi, mais à voix basse, pour ceux qui sont à bord. Tant pis si Orphée vous a déjà récupéré. Mais il crie surtout parce que les arrêts ne sont pas marqués. Nul panneau, bande passante ou enseigne lumineuse ne vous permettent de vous situer et de décider. Toute présence est exception. D’ailleurs, il n’existe pas de carte d’orientation dans la ville. « On est dans l’oralité » diraient les sociologues.

Si vous êtes dans le bus, outre le fait que tout le monde semble se connaître vu qu’ils ont un sujet en débat, rien ne garantit l’arrivée à destination. Un coup de fil d’un anonyme au conducteur ou au « contrôleur » peut le faire vous descendre. Les abonnés au transport en commun ont déjà été servis des propos du genre « Excusez-nous ! On doit vous déposer ici. On vient de nous appeler pour une course plus juteuse.»

Même comportement chez les taximen qui ne manquent de s’excuser, quand ils savent le faire, pour s’absenter « un peu » afin d’aller remettre deux mille francs du marché du jour à la « femme ». Passe encore pour le cumul des « clients », donc des passagers. Bien grave ou ridicule est leur indécision sur le prix de la course. Généralement, la course est taxée selon le profil du passager. Selon que vous êtes homme, en costume et cravate, femme, jeune ou vieux, vous payerez le prix qui va avec.

Ils seront plus cléments si vous lancez un mot en lingala ou en kituba (ce qui est rarissime dans cette ville). A moins de le risquer en lari ou en téké, selon les zones car, il est démontré, en l’absence de sondages, que les locuteurs de ces deux langues dominent la filière.

On retient quoi ? Le transport à Brazzaville a sa place à la Bourse. Le prix et les itinéraires participent de plusieurs facteurs. Entre autres : le niveau des embouteillages, la disponibilité du carburant dans les stations, la pluie, la paie des salaires. Autres facteurs d’influence : la période de rentrée des classes, les vacances, les journées de samedis ou les dimanches. Etc.

Van Françis Ntaloubi

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