Couleurs de chez nous. Egalité de sexes ?

Jeudi 4 Avril 2019 - 21:32

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Ancien parmi tant d’autres, ce groupe de mots a réussi à intégrer la liste des dix-sept Objectifs de développement durable  et à en occuper le cinquième rang. Un dispositif qui donne toute sa légitimité au combat des féministes et autres chantres de la promotion de la femme. 

Cependant, un tel objectif exige une campagne de sensibilisation et d’éducation de la femme afin de gagner son adhésion. Autrement, c’est vouloir construire des châteaux de cartes.

En effet, chez nous, cette égalité passe encore difficilement. En ville comme en campagne, au sein des élites comme dans les milieux modestes où il est inconcevable de voir un homme marié s’occuper de la vaisselle. Ce n’est là qu’un exemple ! Il n’est pas, non plus, admis qu’un homme prépare certains mets. Le cas de la mwambe (sauce extraite des noix de palmier à huile) dont les femmes croient détenir le secret de cuisson.

Mieux, la société congolaise s’accorde à penser que seules les femmes ont droit à certains chapitres culinaires. Prenons le cas de l’aliment de base le plus consommé par les Congolais : le manioc ou le foufou, selon les déclinaisons. Ici, il est permis aux hommes de ne s’investir que quand il s’agit de préparer le foufou. Malgré cette posture très féminine qu’il faut adopter ! Car, il y a quelques années, pour ceux qui le savent, il n’était pas possible qu’un homme participe au processus de production du foufou et, surtout pas du manioc qui commence par le dessouchage des racines à l’emballage de la pâte en passant par le séchage, le rouissage, le râpage, le pressage, le moulage et le tamisage. Gare à cet homme qui s’aventurait dans ce domaine car le regard sur lui reste encore négatif avec, à la clé, une mise au ban des milieux masculins. Affaire de femmes exclusivement !

Hier, les hommes étaient fiers d’arborer le pagne de leurs épouses pour aller à la douche ou à la rivière se baigner. La réalité est différente aujourd’hui : le faire est synonyme d’homme « vendu », corrompu » et soumis à la femme. Un acte qui, rapporté aux sœurs de l’homme, ne manquera pas de soulever leur ire. On permet avec joie que la femme porte la chemise de son mari plutôt que le contraire.

D’ailleurs, dans les foyers, les femmes tiennent à certaines choses comme à la prunelle de leurs yeux. Des choses en termes d’activités réservées qui leur permettent le total contrôle de leur maisonnée et, partant, de leurs époux. Dans une société où certaines coutumes résistent à la modernité, que peuvent faire certaines femmes ou certains hommes sinon se plier ?

Pour nombre de Congolais, l’équilibre des foyers et la tranquillité des couples obligent de regarder les dispositions internationales sur la promotion de la femme comme essentiellement des objectifs, des idéaux et non comme des éléments pratiques.  C’est ainsi que les uns et les autres s’arrangent à trouver des couloirs sans être ni pour ni contre l’égalité des sexes mais en laissant cette ambition se constituer au fil du temps, des événements et en rapport avec les dispositions psychosociologiques de chacun.

Van Francis Ntaloubi

Notification: 

Non