Couleurs de chez nous : la Congolaise (2)

Jeudi 4 Juillet 2019 - 22:24

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Madeleine, Catherine, Thérèse ou Joséphine, tels étaient les prénoms de ces Congolaises aujourd’hui plus que sexagénaires. Des prénoms aujourd’hui rarissimes comme le sont les vertus qu’incarnaient ces femmes et, plus ou moins, héritées par celles des générations qui les suivent.

Chantale, Clotilde, Yvette, Blandine, Nathalie ou Lydie sont ces femmes aujourd’hui quinquagénaires et dont la particularité première est la scolarisation. Des études brisées souvent entre 16 et 18 ans par une maternité qu’elles ont vite fait de surmonter en repartant à l’école pour atteindre la classe terminale ou voire l’université.

Ces Congolaises ont passé leur enfance dans la rue en jouant au nzango (ce sport féminin revenu à la mode), au lipato, kukulé élombé et autres jeux communautaires qui ont cet avantage d’avoir cimenté entre femmes et garçons de cette époque des liens indissolubles. Une fraternité renforcée à leur adolescence par le « cahier d’amitié » qui circulait d’une maison à l’autre ou d’un quartier à l’autre et sur lequel chacune s’essayait à la prose ou à la rime pour exprimer ses sentiments envers les autres.

C’est aussi cette Congolaise qui souffrait, comme dit précédemment, d’attendre son Don Juan parti pour des études d’environ cinq à six ans en Europe. Parfois, avec une grossesse ou un enfant en bas âge qu’elle devait nourrir au prix des sacrifices et sans se souiller. Une culture nourrie par des lectures des ouvrages tels que "Sous l’orage" ou "Gouverneur de la rosée" qui subliment un amour sans intérêt doublé de patience et d’espoir. Cette Congolaise savait aimer et le manifester par des correspondances qu’elle laissait à l’amant sous la lampe tempête (Luciole avec capsule rouge !) qu’elle prenait soin d’allumer au crépuscule avant de rentrer chez elle et après avoir attendu vainement et sans soupçons.

Née dans les années 1960 et 1970, cette Congolaise brillait par ses tresses naturelles bien que, parfois, elle cède aux produits maquillant.  Contrairement à sa mère, la Congolaise ici décrite a une maternité moyenne avec cinq enfants pour une vie conjugale partagée à deux ou trois hommes. Héritière de sa mère, notre Congolaise affectionne le pagne plus que tout autre habit qu’elle accepte quand même de porter pour signifier sa part de modernité.

Elle est fonctionnaire, vendeuse ou agricultrice selon le niveau ou l’environnement. Divorcée, elle supporte difficilement de laisser ses enfants à l’homme, craignant de les voir être maltraités par la femme de celui-ci. Aussi tolère-t-elle la polygamie de l’homme sans cependant partager le toit avec sa « rivale » ou coépouse.

Assistante de son homme, les yeux fermés, cette Congolaise a aussi cet art d’alimenter les poches de son mari en espèces clinquantes et en billets. C’est au nom de cet amour qu’elle loge son mari sous son toit ou celui de ses parents sans en faire un sujet de chantage ou lui faire écouter "Mario", la célèbre chanson de Franco. Sous cette description flatteuse mais objective se cachent bien de défauts qui, somme toute, ne rivalisent pas avec ceux des Congolaises des séries 8 et 9 que nous décrirons prochainement.

Van Francis Ntaloubi

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