Couleurs de chez nous: la fête au Congo

Vendredi 28 Décembre 2018 - 12:11

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Chez nous, la fête se résume à trois choses : manger, boire et danser. Trois choses que l’on fait dans la démesure. Pour nombreux de Congolais, l’excès demeure l’essence même de la fête. Beaucoup de nourriture ; des tas de bouteilles de bière ; dépenses imprévues, musique du matin jusque tard dans la nuit, etc. Même celui qui vit seul met la musique à une forte intensité.

La fête représente une opportunité pour ceux-là que l’on qualifie d’« impressionnistes ou illusionnistes». Ces individus qui, le long de l’année, ont un autre comportement et attendent les fêtes pour se faire remarquer ou se faire racheter. Le cas de ces parents que l’on voit faire la balade avec leurs enfants ou de ces couples, unis rien que pour la fête, qui n’ont pas l’art des sorties et prêts à aller s’afficher sur la grande avenue avant d’échouer dans un lieu réservé à la consommation. On les reconnaît à leurs manières guindées.

La fête, c’est aussi le moment des affaires. Aux commerces habituels viennent se greffer bien d’activités ponctuelles : salon de tresse de cheveux pour femmes et filles en plein air ; espaces de coiffure pour garçons ; studios photos ; hausse du nombre de vendeurs ambulants ou à domicile. Et que dire des kermesses et foires ? Ici, il y a à boire et à manger. Au sens propre comme au sens figuré.

Au Congo, ailleurs, je ne sais pas, la fête conduit à un éphémère exode rural. C’est la période durant laquelle de nombreux habitants des villages et localités d’intérieur préfèrent faire le mouvement vers les grandes villes que sont Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie ou Ouesso. Ils y viennent pour s’approvisionner. Ils y viennent pour un court séjour. Ils viennent pour fêter.

Effet de mode importée : on retrouve le fameux « Arbre de Noël » dans certains foyers congolais. Avec, sur les murs, des ballons multicolores et bien d’autres objets lumineux qui restent tout le mois de janvier. Pourvu que le courant soit au rendez-vous !  

Le matin des fêtes, les marchés sont bondés. Les rues aérées. On cuisine jusqu’au milieu de l’après-midi pour un repas qui se prend à partir de 16h. Les plus nantis invitent les leurs. D’ailleurs, on vient chez eux sans avertir et on y entre sans sonner. C’est, dit-on, les rares occasions où ces gens d’en haut et fortunés sont visibles et accessibles. C’est aussi la grande période de charité. Ici et là, on rivalise en cérémonies de remise de dons aux enfants, aux malades et aux démunis. Charité ? Humanisme ? Les pages spéciales diffusées à grands frais sur les chaînes de télévision trahissent les vraies intentions des initiateurs de ces bonnes œuvres. Sans compter leur profil qui laisse bien songeurs ceux qui observent.

Le matin des fêtes, le constat est amer : de la nourriture envoyée à la poubelle ; importants dégâts dans les bars ; des vélos et autres jouets d’enfants cassés ou volés alors que leur achat a dû opposer les parents et, enfin, des administrations vides.  Grands bénéficiaires de ces moments : les sociétés de téléphonie mobile avec  des échanges téléphoniques en très nette augmentation. Quelles sont les couleurs de la fête chez vous ?

Van Francis Ntaloubi

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