Couleurs de chez nous: L’art de s’afficher

Samedi 11 Mars 2017 - 11:22

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Profitant des avantages qu’offre la communication moderne, les Congolais rivalisent désormais d’idées pour se faire connaître. Chacun, dans son domaine, fait sa propre promotion et communique pour soi-même. Derrière chaque acte que pose un Congolais, on peut désormais lire l’ambition d’attirer l’attention du public sur lui et, partant, de se faire une place au soleil.

Pour comprendre ce qui est dit plus haut, circulez dans Brazzaville, et ailleurs dans le pays, vous remarquerez combien les villes sont remplies de banderoles et d’affiches vantant des personnages qui, au demeurant, sont d’illustres inconnus. Mais avec leur photo trônant au-dessus d’une grande artère, ces inconnus s’imposent et pénètrent le subconscient collectif. Trêve de psychanalyse ! Regardons les choses comme elles se présentent.   

Les messages par eux diffusés sont généralement creux. Des affiches qui ne renvoient à rien, donc à aucun évènement : ni politique ni culturel ou sportif. « John, le fils du quartier ! » ; « Presley, l’étoile montante ! » ; «Mère supérieure : votre espoir » ; «Le très distingué Massamba au service de tous » ; etc. Sommes-nous déjà en campagne électorale ? Il nous semble que non.

Mais les Congolais qui observent ne sont pas dupes au point de se demander si cette publicité déguisée est autorisée par la municipalité. Combien payent-ils pour s’afficher de la sorte et inonder la place publique par une communication dont les cibles et les objectifs sont inconnus ? Des interrogations légitimes et d’essence citoyenne sur cette propagande qui envahit même les médias quoique l’information véhiculée ne réponde pas aux critères du journalisme.

En effet, chacun peut mobiliser un caméraman et un journaliste pour descendre dans un hôpital ou une autre structure sociale. Il suffit de réunir des cartons d’eau minérale, boîtes de lait, conserves et quelques fringues pour enfants pour s’inscrire parmi les bienfaiteurs du pays à qui l’on doit la reconnaissance un jour.

Cette pratique émane plus des jeunes que des « vieux », car ces derniers savent adopter le profil bas quand bien même les moyens financiers leur auraient dicté une attitude contraire. Difficile de les voir monter des banderoles ou affiches pour leur gloire alors que nombreuses sont ces personnalités, nées avant les indépendances, qui apportent aide et soutien aux plus démunis sans tambours ni trompettes. Des « actions humanitaires » qu’elles savent poser dans le plus grand silence en toute humilité.

Or, aujourd’hui, même des fonctionnaires dont on attend les résultats de la mission à l’étranger préfèrent d’abord jouer les stars sur Facebook au lieu de penser à produire le rapport ou de penser au succès de la mission pour laquelle l’argent est sorti du Trésor public.

C’est le Congo dans ses nouvelles couleurs.

 

 

 

 

Van Francis Ntaloubi

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