Couleurs de chez nous : le quartier d’abord !

Vendredi 7 Août 2020 - 14:05

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Ce slogan se répand de plus en plus à travers le Congo, notamment dans les grandes villes subdivisées en quartiers. Plus qu’un slogan, il s’agit d’une politique ou, mieux, d’un ensemble d’actes et d’actions en faveur de cet espace géographique.

Aux interrogations que commande cette politique s’ajoutent des leçons républicaines ou citoyennes que l’on peut en tirer.  Entre autres : l’amour affiché pour leur quartier ; la volonté de le développer ; la solidarité entre les habitants ou les natifs de cet espace. Bien plus : dans leur logique, ces gens vont jusqu’à préférer un natif du quartier à un cousin, une sœur du quartier à une tante de sang, etc.

Dans la pratique, si telle femme du quartier a ouvert un restaurant, les jeunes s’arrangeront à y aller manger dans le but avoué de participer à l’épanouissement du commerce de celle qu’ils considèrent comme une mère ou une sœur. Donc, une des leurs.  

Un lien du sol préférable à celui du sang ou de la langue qui durera pour la vie car ces gens se connaissent et se prennent des nouvelles quels que soient l'endroit où ils sont. Dans ce pacte pour une « union sacrée », tous les hommes ayant pris épouses de ce quartier sont visés à la loupe à la moindre incartade. Sont aussi visés : les porte-monnaie de ces mêmes hommes qu’ils considèrent comme leurs beaux-frères.

Cette passion pour le quartier fait que même adultes et vivant ailleurs, les partisans du « quartier d’abord » ne rentrent chez eux, souvent, que pour y passer la nuit. Car, au quartier, ils savent revenir, après le travail ou de retour d’une activité, pour s’asseoir au coin le plus célèbre et passer en revue les sujets d’intérêt commun.

Poto-Poto et Ouenzé à Brazzaville ; Tié-Tié ou Mvoumvou à Pointe-Noire sont cités comme des arrondissements champions de la solidarité entre habitants avant que celle-ci ne glisse vers le quartier. Ici, « Mpila » avec ses appendices que sont « Kanga mbanzi » et « Libomi », « Ouenzé libulu » ou « Ouenzé manzanza » et « Texaco » sont parmi ces quartiers célèbres pour la solidarité entre leurs habitants. Comment ne pas mentionner Ndzalangoye à Ouesso dont le succès est renforcé par la rivière éponyme dans laquelle nombreux qui y ont vécu ont baigné ? 

A propos des actes et actions en faveur du quartier, il en va des plus marquants aux insignifiants : opérations de salubrité, ragots ou colportages, soutien multiforme aux uns et autres qui seraient malades ou en détresse, etc. Ils sont des pères de famille, femmes au foyer, grands-pères devenus pour certains mais l’esprit du quartier les habite et les anime toujours.

Pour tout dire, cette mise en exergue du quartier est, en d’autres termes, un rejet d’un certain communautarisme assis sur l’ethnie et dont la face cachée est faite de dérapages qui nuisent à l’unité nationale. Ce qui a donné naissance à un autre concept : le fameux « vivre-ensemble » ici-même analysé. /-

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Van Francis Ntaloubi

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