Couleurs de chez nous : « Les enseignes »

Samedi 10 Décembre 2016 - 7:01

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« À bon vin, point d’enseigne », dit l’adage. Comme quoi : « L’enseigne renseigne ». En effet, c’est en lisant sur le fronton de certains bâtiments que l’on est édifié sur le commerce qui y est pratiqué. Mais dans le cas du Congo, les enseignes renseignent bien sur la nature et le mode de vie de ses habitants. Bienvenue à ce lèche-vitrine virtuel !

À une certaine époque, les enseignes de nombre de boutiques et magasins exprimaient la présence des ressortissants ouest-africains. Seydou, Moustapha, Diallo, Doukouré & frères, etc., autant d’appellations jadis célèbres mais qui ne revêtaient aucune couleur commerciale. Sauf de faire la promotion de l’actionnaire.

Quand les Congolais envahirent le commerce, ils firent la même chose. On se rappellera des grands noms de commerçants et transporteurs des années 1960 à 1980. Le snobisme régnant a permis de découvrir « Chez Gaspard », « Chez le Sergent Normal » ; « Chez Faignond », « Chez Grang K ». Épousant la façon de faire des hommes, les femmes dont on connaît l’art de s’afficher eurent leurs enseignes. Ainsi, on peut manger ou se faire belle « Chez Judith » ; « Chez Tantine Marie » ; « Chez Léa » ou « Chez  Tatiana ».

Pourtant, il y a eu aussi des enseignes objectives telles « Boutique d’alimentation » ; « Quincaillerie » ; « Maison des meubles »  ou « Maison de la peinture ».  Autres enseignes : celles qui promeuvent les enfants. Brazzaville écume de ces surfaces avec des noms au goût du jour vantant l’habillement des tout-petits. « Shekina » ; « Carina » ; « Dorcas & Gogo » ; « Boudchou & Micky ». Il suffit de sillonner Brazzaville pour le découvrir.   

Pour avoir séjourné en Europe, certains copient et jouent les intellos. « Quai d’Orsay » ; « Maison Blanche » ; « Matignon », « Le Kremlin » sont, entre autres, des enseignes vues au Congo avant de découvrir « Le Ballon d’or » ou « La Concorde ». Et que dire des enseignes politiques ou aux allures de propagande ? « Le Chemin d’avenir », « La Nouvelle espérance » et, aujourd’hui, « La Rupture » enseignent et renseignent tout autant sur la vie du pays.

Bref, « Pour vivre heureux, vivons cachés », dit la maxime. En d’autres termes, on fait sans enseigne.  Nombre de lieux de jouissances et réjouissances au Congo ne portent plus d’enseigne.  « Des lieux sans noms » que l’on découvre par cooptation ou parrainage par des habitués. Ici se retrouvent souvent des gens discrets pour mille et une raisons.

L’anecdote veut que le 6e arrondissement de Brazzaville (Talangaï) doive son appellation à une boutique célèbre à l’époque. Le commerçant avait mentionné « Talangaï » (en français : « Regarde-moi ») comme nom de son établissement commercial. « Tu veux du pain ? Viens me voir», répétait-il aux gens du quartier. On connaît le procédé : le nom s’est étendu au quartier puis à l’arrondissement.

 

Van Francis Ntaloubi

Van Francis Ntaloubi

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