Couleurs de chez nous : les sacrifiés, les opportunistes et les anarchistes

Jeudi 23 Avril 2020 - 16:40

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Les mesures prises par le gouvernement congolais  pour lutter contre le coronavirus ont mis à nu certains comportements, au point qu’on peut dresser en observant trois types de portraits au sein de la population.

La première catégorie est celle des « sacrifiés ». Ces individus directement frappés par les décrets, arrêtés et autres notes publiés pour circonscrire la lutte contre le Covid-19.  Les transporteurs en commun font partie des sacrifiés car l’une des mesures interdit tout mouvement aux « vert-blanc » car c’est ainsi que les Brazzavillois désignent les taxis et bus qui exploitent dans leur ville bien qu’ailleurs dans le pays les couleurs varient.

« Sacrifiés » ? On peut le dire car les taxis et bus sont en pause depuis le 1er avril, garés dans des parkings avec la contrainte de payer pour  cette immobilisation. « Une injustice », selon les acteurs de ce secteur qui, dans une déclaration assortie de propositions, ont interpellé les autorités de la République pour que leur cas soit étudié.

Autres « sacrifiés » restés muets : les tenanciers de VIP, caves, bars-dancing, restaurants et hôtels. Toute colère bue, les membres de ce groupe n’ont qu’une seule prière : la fin rapide de cette pandémie qui a mis leurs activités en quarantaine. Et une seule inquiétude : leur avenir économique car le risque est grand de détruire l’épargne et le capital durant la période de confinement.

Puis, il y a les « opportunistes » à l’instar des pousseurs. Effacés du circuit par les véhicules à trois roues appelés ici « Kawasaki », les pousse-pousse ont refait surface au grand bonheur des jeunes désœuvrés qui, à deux, trois ou quatre, s’associent pour transporter des marchandises d’un coin à l’autre de la ville.  Le Covid-19 et les mesures qu’il engendre sont une opportunité d’affaires pour eux tout comme pour les conducteurs de motos  « Djakarta ».

Parmi les opportunistes : des particuliers qui, snobant la vigilance des policiers, mettent leurs voitures à la disposition des vendeuses. Une pratique notoire chez les jeunes sur des tronçons qu’ils jugent juteux tels que « Terminus de Mikalou – kintélé ou Mampassi-Nganga-Lingolo».

Et les anarchistes alors ? Ce sont ces agents de l’Etat ayant bénéficié des autorisations de rouler. Le document leur servant de passe-droit, ils ont, pour certains, su tirer leur épingle du jeu en gagnant un peu d’argent dans le transport clandestin des passagers non autorisés à bord.

Mais, au-delà de tout, les Congolais ont dû faire un constat sur le nombre important de motos conduites par des hommes en uniforme. A moins que ce soit ces derniers qui se sont mués en conducteurs de motos, ceux-ci qui sont devenus miraculeusement des militaires à la faveur du confinement décrété. Il faut les voir avec des femmes à l’arrière qu’ils passent pour leurs épouses alors qu’il s’agit des commerçantes à qui ils prennent un peu d’argent. Tout n’est pas dit ici mais telle est l’une des couleurs du Congo depuis qu’a été décrété l’état d’urgence sanitaire./-

Van Francis Ntaloubi

Légendes et crédits photo : 

Les transporteurs en commun font partie des sacrifiés

Notification: 

Non