Couleurs de chez nous. « Monnaie »

Jeudi 21 Novembre 2019 - 20:17

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Il s’agit, au Congo, des pièces d’argent ou de petites coupures de billets de banque. Dans ce pays où la monnaie utilisée est le franc CFA, en termes de valeur, le billet de dix mille francs vient en premier suivi de ceux de cinq mille francs, deux mille francs, mille francs et cinq cents francs enfin.

Contrairement à d’autres pays, plus avancés, ici, les transactions financières sont encore dominées par l’usage de la monnaie fiduciaire, autrement appelée des billets de banque ou des pièces car, ils sont rares, ces gens qui recourent aux transactions électroniques. Bien de facteurs expliquent leur usage restreint : l’analphabétisme des uns doublé d’idées reçues, le contexte environnemental ou social, les conditions techniques (absence d’électricité, problème de connexion au réseau, etc.) ou, bizarrement, le manque de téléphone chez d’autres.

Tout ceci contribue à l’utilisation systématique des billets de banque lors des échanges. Une utilisation qui pousse au zèle et à la paresse, rendant ainsi esclaves bien de citoyens. Chez nous, il est courant de voir un vendeur refuser une marchandise à un acheteur au motif qu’il n’y a pas de « monnaie ». Comprenez : « il n’y pas de pièces ou de petites coupures à remettre ». L’incident est à 90 % possible quand l’acheteur se présente avec un billet de dix mille francs CFA pour une marchandise qui vaut moins de deux mille francs CFA. Il arrive même que l’on se voit refuser une marchandise de cinq mille francs contre un billet de dix mille francs présenté.

Proportionnellement, il y a peu d’espoir d’obtenir des articles de trois cents francs pour un billet de mille francs. Les champions en la matière sont des contrôleurs de bus qui, tôt le matin, crient leur refus aux détenteurs des billets de cinq ou mille francs. Comme eux, les vendeuses au détail croient en la malédiction en démarrant leur journée avec un client qui leur soumet un billet de mille francs ou plus.

« Pas de monnaie », tel est le refrain à Brazzaville, Pointe-Noire, Ouesso, Zanaga ou Loukoléla qui sont de villes et localités du Congo parmi tant d’autres.  Cette attitude n’est pas sans fausser les relations entre vendeurs et acheteurs. Les premiers étant souvent catalogués s’ils ont l’habitude du refus. Chose curieuse : certaines tenancières de restaurants soumettent à l’interrogatoire leurs clients afin de vérifier s’ils ont ou non de grosses coupures. Dans nos hôpitaux où tout s’achète (même le sourire de l’infirmière !),  des patients se sont vu refuser une injection ou une perfusion car manquant de « monnaie » pour acheter le produit proposé par le soignant.

En réalité, chez nous, il faut avoir la somme exacte pour espérer des opérations en toute sérénité. Même quand la Banque centrale garantit au public le droit d’y aller échanger les « gros billets » contre de petites coupures ou des pièces, bien de commerçants trouvent cet exercice lassant. Sur ce chapitre général : la palme d’honneur revient aux commerçants ouest-africains. Qui dit mieux ?  

Van Francis Ntaloubi

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