Couleurs de chez nous : poignée de mains

Jeudi 13 Février 2020 - 22:19

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Voici un geste plein de significations. Dans le domaine de la diplomatie et de la politique, il couronne souvent la signature des accords en même temps qu’il symbolise la paix et le fait pour des belligérants d’être parvenus à un accord. Le fait est si remarquable que les journalistes n’hésitent pas de le souligner dans leurs articles ou reportages.

Au niveau social, la poignée de mains a sa place et sa valeur. Notamment dans la société congolaise où elle a pris des allures de rituel. Mais un rituel qui a perdu sa substance pour ne devenir qu’un simple réflexe. Voici comment !

Au Congo, saluer ou « dire bonjour » à quelqu’un suppose qu’il faut lui tendre la main. Quand bien même un individu aurait lancé « Salut à toutes et à tous ! » ou « Bonjour ! », il n’est pas impossible qu’il soit rappelé à l’ordre au motif de ne pas avoir tendu la main. Tel est le rituel !

Et on en a fait une exigence sociale et culturelle qui contraint de se regarder dans les yeux et de secouer les mains en accompagnant le geste de mots aimables à l’endroit de son vis-à-vis. Sauf que ce que l’on constate aujourd’hui fausse ce rituel : On se serre la main sans se regarder ; on salue la même personne plusieurs fois dans la journée et certains vont jusqu’à garder la main de ceux qu’ils saluent en ayant leurs téléphones accrochés à l’oreille. Encore un problème de savoir-vivre !

Pour ce qui est du rituel et de l’exigence socioculturelle, on assiste désormais à cet exercice qui veut que l’on serre la main à toutes les gens assis et arrivés avant soi à une manifestation. S’en dérober vous expose à la critique. Voire au rejet par les membres de la communauté qui vous attribueront tous les noms d’oiseaux. Parce qu’en réalité, la poignée de mains permet de prendre la température qui prévaut entre deux individus et de jauger la considération de chacun pour les autres.

Ce geste de fraternité et d’amitié ne manque pas de conséquences. Soulignons le temps que nous perdons à nous saluer à longueur de journée et les risques que courent certains qui, par respect, n’hésitent pas de traverser des avenues, d’enjamber des caniveaux ou de sortir de leurs voitures pour aller tendre la main.

L’autre conséquence sous la forme d’anecdote consiste à évoquer les différents gestes peu hygiéniques qui sont les nôtres au quotidien : uriner dans un coin de rue sans se laver les mains, se rincer les narines, se curer les dents avec les doigts au sortir des gargotes, se torcher ou se moucher en utilisant les mains, etc.

Autant de gestes exécutés dans la rue et suivis par des poignées de mains en violation des consignes de santé publique. Et si la poignée de mains représentait un vrai danger pour la société, notre société ? Malheureusement, faisant partie de notre mode de vie, abolir la poignée de mains n’est pas évident. Même en cas d’épidémie ?

 

Van Francis Ntaloubi

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