Couleurs de chez nous. Révolution numérique ?

Jeudi 12 Septembre 2019 - 21:54

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L’humanité a connu plusieurs révolutions aux couleurs diverses : culturelles, économiques ou industrielles. Mais une autre l’attendait au XXIe siècle : la révolution numérique dont on commence à parler de plus en plus et présentée par des experts comme une opportunité pour l’essor de l’Afrique.

Essor de l’Afrique ? En effet, rongé par l’analphabétisme, ce continent devait d’abord vaincre un premier fléau : la fracture numérique, imposée par les nouveaux médias, qui l’empêche de s’affranchir. Alors que cette fracture se réduit avec l’accès d’un grand nombre de citoyens aux technologies de l’information et de la communication ayant bouleversé le quotidien des Africains, d’autres inquiétudes naissent.

Allusion à cette révolution numérique mal exploitée par une partie de la population africaine. Pour les Congolais, par exemple, le téléphone n’est pas qu’un outil de communication ou de travail, il est devenu l’arme fatale pour la destruction des adversaires. L’entrain des Congolais pour les réseaux sociaux ne participe pas d’une soif de s’informer sur les vols aériens ou sur les écoles nouvellement ouvertes pour y inscrire les enfants.

Le téléphone est l’outil par excellence de nuisance. Faible jusque-là, la manipulation à travers le téléphone vient de réaliser un bond en avant. On s’en sert pour enregistrer le moindre soupir de son interlocuteur. On s’en sert pour filmer le moindre grattage de l’arrière par un adversaire. Gare aussi à celles et ceux qui passent leur temps à rincer les narines avec le doigt !

Une manière simple de dire que le téléphone tue désormais plus que le pistolet. Un accident surgit, l’on se plait à filmer au lieu de sauver des victimes agonisantes. Un époux et sa compagne sont en querelle, le neveu ou la nièce en séjour enregistre la scène pour la balancer aux membres de la famille installés à l’étranger. C’est le récit avec la preuve !

Gare aux ébats et débats avec des partenaires et interlocuteurs avec des téléphones en main ! On aurait dû condamner une catégorie d’individus. Pourtant, même ceux censés incarner l’Etat et ses valeurs sont tombés très bas. Désormais des gens d’en haut jouent comme la plèbe dans ce péché de l’enregistrement et de la diffusion faciles.

Les interrogations et les inquiétudes nées de cette révolution numérique à la congolaise appellent des observations sur la communication publique dont l’hygiène pose problème. C’est parce que l’information reste un mystère chez nous que sa publication relève de la manipulation. Il y a urgence à repenser l’information publique et même privée. A quoi servaient les cabines (cages) téléphoniques si ce n’était pour protéger les conversations d’autrui ? Aujourd’hui, on se plait à évoquer les dossiers administratifs par téléphone en étant assis dans un bus en commun.  Pensez aux appels des ministres que leurs collaborateurs décrochent en public !

N’est-ce pas ce qui arrive quand des armes sont dans de mauvaises mains ? Tel est le danger du téléphone à l’origine de cette révolution numérique qui emporte les Congolais. Victime, chacun l’a été, l’est ou le sera à sa manière. Comme quoi, le téléphone est un virus numérique. Vu qu’il tue, reste qu’on l’interdise dans certaines réunions stratégiques !  Vaine mesure, m’objectera-t-on !

Van Francis Ntaloubi

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