Couleurs de chez nous. Trois sur la moto !

Lundi 29 Avril 2019 - 11:52

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Loi violée ? Impuissance des pouvoirs publics ? Dérive sociale ? Evolution des choses dans ce domaine ou simplement une forme de tolérance pour résoudre l’épineux problème de transport au Congo ? Autant de questions, sans réponse plausible, suscitées par ce nouveau moyen de transport public à Brazzaville et ailleurs dans le pays qu’est devenue la moto. Dans l’une des chroniques intitulée « Djakarta », le phénomène fut évoqué mais sans détails.

Brazzaville, avec ses quelque deux millions d’habitants, accuse malheureusement un grave problème de transport en commun.  Une situation occasionnée par le retrait de l’Etat de ce secteur au profit des particuliers. Mus par le bénéfice, ces derniers refusent d’exploiter certains itinéraires et ceux exploités sont divisés en plusieurs tronçons. Conséquence de ces deux attitudes : la difficulté pour la population de se déplacer d’un coin à l’autre de la ville avec un tarif stable.

Devant le vide laissé par les transports classiques, de jeunes désœuvrés, propriétaires de motos, ont d’abord pensé exploiter des circuits difficiles d’accès par véhicules. Il s’agissait, au départ et dans le cas de Brazzaville, des quartiers comme Jacques-Opangault, dans le sixième arrondissement, puis « Domaine » et « Trois poteaux », à Djiri, le neuvième arrondissement.

Grâce à ce moyen de transport, les habitants des quartiers cités et d’autres ont cette possibilité d’atteindre leurs lieux de résidence. Avec l’avantage reconnu par tous pour la moto de ne pas leur faire subir les embouteillages. Donc, d’arriver à l’heure.

De fil en aiguille, et voulant aussi gagner, ces nouveaux transporteurs en ont rajouté en termes d’itinéraires et en nombre de passagers. Trois au lieu de deux.  A propos des itinéraires, ils n’hésitent pas de proposer aux usagers de les conduire jusqu’au centre-ville. Un choix qu’acceptent certains Brazzavillois au regard des caprices des taxis.

Cependant, ce mode de transport n’est pas sans soulever des interrogations à l’instar de celles émises ci-dessus. S’ajoutent : des inquiétudes sur les risques de conduite de ces motards. Non seulement nombreux d’entre eux ne maîtrisent pas le code de la route car partis pour la plupart des villages, mais il leur est reproché la vitesse et le slalom qui, souvent, débouchent sur des accidents mortels. Bien plus, on soulignera la surcharge qu’ils transportent sans tenir compte ni de l’équilibre de la moto ni de son poids à supporter la marchandise. 

Comme eux, des pères de famille ont épousé cette habitude en transportant trois à quatre enfants sur la moto avec tous les risques dont le principal demeure un accident grave. Si pour les uns, grimper sur la moto est un plaisir, d’autres s’y laissent aller par contrainte et nécessité.

Dans tous les cas, les pouvoirs publics dont la mission concerne la régulation de la vie en société sont interpellés pour réajuster les choses avant qu’elles ne dégénèrent. Interdire est une mesure qui sera difficile à accepter pour ces jeunes qui sont sans emploi et qui disent vivre grâce à ce transport. N’empêche, cependant, que les autorités et structures compétentes jettent un regard sur ce secteur en l’encadrant. 

Van Francis Ntaloubi

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