Couleurs de chez nous : « Vente en gros et détail »

Vendredi 5 Janvier 2018 - 19:55

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L’inscription est visible et lisible sur la plupart des enseignes commerciales du Congo. Elle suppose une politique en faveur de familles modestes ou démunies pour leur permettre d’accéder aux produits de consommation les plus divers et à des coûts souhaités par elles.

Cette pratique a ses avantages et ses limites. Pour le commerçant comme pour le consommateur. Au premier, la vente au détail permet l’écoulement des produits et le renouvellement des stocks. Au second, elle garantit des économies. Donc, des dépenses raisonnables et la satisfaction de l’ensemble de la famille surtout lorsqu’elle est nombreuse.

En effet, plutôt que d’acheter une boîte de lait, un paquet de sucre, un savon entier, un litre d’huile ou une boîte de tomate concentrée, le consommateur peut proposer et obtenir d’acheter quelques cuillérées de lait, quelques morceaux de sucre, 5ml d’huile ou deux cuillérées de tomate concentrée. Un achat adapté aux moyens, au petit-déjeuner envisagé ou à la cuisine du jour. En cas d’insuffisance, on peut toujours solliciter des morceaux de sucre ou des grains de sel chez le voisin.

Pour les uns, cette politique traduit une gestion rationnelle et orthodoxe dans un contexte de crise. D’autres cependant parlent de « la politique des pauvres ». Car, plus on dispose de moyens, mieux on s’organise et, partant, les achats se font en gros à des fins de réserves. Aussi trouvera-t-on, dans certaines familles, des réserves d’huile, de sel, de lait ou de charcuterie. Avec l’avantage d’épargner au ménage des va et vient au marché ou au supermarché. Avec l’avantage aussi d’une permanence alimentaire au regard de nombreux impondérables comme la pluie.

Pourtant, en examinant, la vente au détail participe plus d’une culture que d’une démarche dictée par la pauvreté. Pratiquants et défenseurs ne manquent pas d’arguments. Le principal étant les caprices d’électricité susceptibles de faire regretter le trop d’achats effectués de vivres frais. Combien de fois des foyers n’ont-ils pas envoyé à la poubelle des réserves de semaines ou du mois ?

Pour les sociologues et anthropologues, ce comportement s’explique. Les Congolais vivent au quotidien et au gré des saisons. Observant la tournante écologique, ils se satisfont des fruits de saisons sans jamais envisager leur permanence. Ils refusent de bousculer l’ordre défini par la nature pour la venue des safous, des arachides, des mangues, des ananas, de chenilles ou de champignons.

Pour revenir à l’achat en gros, s’il garantit la permanence, il rassure peu car il pousse à une consommation immodérée. Si les enfants ne font pas dans la gloutonnerie, des voisins vivant au détail vous solliciteront pour quelques morceaux  ou cuillérées. Quoi qu’il en soit, dans notre société, garder est un risque si bien que  peu sont ceux qui laissent une part de leur salaire à la banque, préférant tout vider jusqu’au centime près. « On ne sait jamais ».  Que conclure ? Faut-il y voir des couleurs de pauvreté ? Non. Une forme de prudence qui caractérise notre société. Mais jusqu’où et jusqu’à quand ?

 

Van Francis Ntaloubi

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