Couleurs de chez nous: VIP

Dimanche 20 Novembre 2016 - 12:58

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Le sigle est universellement connu comme « Very Important Person ». Autrement dit : « Très importante personne ». Il renseigne sur la personne considérée comme telle, donc VIP, et a cette magie d’attirer celles qui n’ont pas ce privilège de l’être.

C’est d’ailleurs pour orienter les usagers que certains milieux ou espaces publics affichent des enseignes marquées « VIP ». Le cas des aéroports, des banques, des restaurants et même des hôpitaux (le CHU de Brazzaville ne fait pas exception). Faut-il y lire une forme d’apartheid ? Nullement !

Car, à la vérité, les personnes qui y accèdent déboursent un peu plus sur le plan financier. Comme quoi, être « VIP » est un statut onéreux et réservé à celles et ceux qui ont un imposant portefeuille. Ou à celles et ceux qui ont un titre à savoir : ministres, ambassadeurs, directeurs généraux, professeurs, avocats, etc. Telles sont les choses dans un ordre normal et reconnu.

Or, à Brazzaville et dans d’autres villes du Congo, le terme « VIP » renvoie désormais à une autre réalité. Il s’agit des espaces de consommation de boissons et de rencontres dont la particularité demeure la climatisation, le confort des sièges (fauteuils), la musique modérée, le poste téléviseur branché sur des chaînes d’information en continu. Et plus encore : la clientèle, avec un âge au-delà de la trentaine, et qui s’habille chic et souvent en costume.

Epousant la tendance, les transporteurs en commun ne sont pas en reste. Il faut voir comment certains d’entre eux décorent leurs cars, autobus et taxis pour attirer une catégorie donnée d’individus. On voit, à Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie et Ouesso, pour ne citer que ces villes, des taxis ou bus estampillés « VIP ». L’accès à ces moyens de transport obéit à certaines conditions allant de la tenue vestimentaire du passager aux nombres, poids, nature et qualité des bagages.

Pour tout couronner, des rideaux bien arrangés empêchent les rayons de soleil de traverser et de déranger ces passagers à qui il est servi un peu de boissons gazeuses le long du trajet et qui écoutent de la musique dite des « responsables ».

C’est la nouvelle mode au Congo : une manière pour certains d’ici de s’afficher ou de dresser un mur entre eux et les autres qu’ils excluent d’emblée de leurs catégories ou de leurs classes. Enfin, ces habitués des « VIP » sont considérés désormais comme des personnes « émergentes ». Encore une flagornerie de plus dans un pays ou le paraître prend toujours le dessus sur l’être./-

 

Van Francis Ntaloubi

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