Couleurs de chez nous : visiteurs indésirables

Mercredi 4 Juillet 2018 - 14:08

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Il fut une époque où l’on pouvait lire sur certaines portes d’entrée des bureaux : « Vos visites prolongées nous empêchent de travailler ». C’était un rappel à l’ordre et une invite à la discipline faits, à la fois, aux visiteurs inattendus et aux fonctionnaires paresseux qui, au lieu de s’occuper de leurs tâches, préféraient s’adonner à des conversations improductives pour l’administration. C’était aussi une époque où l’on travaillait sincèrement et avec dévouement.

Aujourd’hui, le spectacle est triste et se décline par des retards au travail, des absences injustifiées, le refus de prendre le service ou de rejoindre le poste de travail, etc. Et pour des agents qui viennent, la tendance est à la causette, à la vente de produits divers dans les administrations, aux jeux pour ceux qui ont un ordinateur au bureau et, de plus en plus, à la navigation ou aux échanges sur les réseaux sociaux. Des déviances venant des agents publics qui, malheureusement, traduisent leur paresse et celle des Congolais en général, car des exemples sont légion à ce sujet.

En effet, vous vous réveillez un matin, alors que vous vous apprêtez à vous rendre au service, un visiteur est en embuscade au coin de la rue pour ceux qui ont des habitations protégées et pour ceux dont les habitations sont ouvertes et accessibles, il n’est pas étonnant qu’en ouvrant la porte, vous tombiez sur un neveu, une tante ou une nièce assise avec un air triste. Il est 11 h lorsqu’un collègue vient vous glisser à l’oreille qu’on vous attend dans la cour ou dans le hall. Des visiteurs qui nous suivent partout et parfois pour rien de bien spécial.

  • « J’étais venu voir un ami qui vit dans la zone et j’ai pensé que je ne pouvais pas passer comme ça » ;
  • « Tu aurais pu me téléphoner » ;
  • « Tu as raison mais je n’ai pas de crédit (unités) et même pas l’argent du bus. Voilà pourquoi. »

Tel est l’extrait de conversation qui résume un comportement que les Congolais ont acquis d’importuner les autres.

Même dans les restaurants et autres espaces de retrouvailles mondaines, il est fréquent que la vendeuse ou le vendeur soit entouré par des amis qui, sans consommer, occupent des sièges réservés à la clientèle. Contraints, certains clients acceptent de s’attabler non sans subir l’impact de visiteurs indésirables sur les lieux.

À ce tableau, il faut ajouter l’erreur, admise chez nous, que commettent certaines tenancières des lieux dits d’intimité en y invitant leurs enfants. Ceci, faute de gardien pouvant veiller sur eux. Encore faut-il que les garnements ne confondent pas les lieux en leur cour de récréation ! Je me rappelle aussi l’ire d’un ami qui fit une observation à un autre s’étant permis d’atterrir chez lui à 22 h avec un argument à la congolaise : « Je n’ai pas sommeil et j’ai préféré te rejoindre ».

Et que dire des usuriers ou logeurs qui vous arrivent aux premières lueurs malgré les gages présentés ? On pensait que le téléphone allait changer nos mentalités. Non ! Car visiter l’autre sans l’avertir ou atterrir chez lui sans rendez-vous reste encore dans nos gènes. Et dans notre culture. Hélas ! 

Van Francis Ntaloubi

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