Cour pénale internationale: Laurent Gbagbo va demander d'être acquitté de crimes contre l’humanité

Samedi 29 Septembre 2018 - 14:30

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L’ancien président de la Côte d’Ivoire déposera la demande de son acquittement le 1er octobre, devant la juridiction internationale, a-t-on appris d’une source proche de la défense.

Les avocats du premier ex-chef d’Etat remis à la justice internationale estiment qu’après plus de deux ans de procès, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) n’a pas été en mesure de prouver les accusations. C’est pour cette raison que sa défense va demander « un non-lieu total », un « jugement d’acquittement pour toutes les charges et pour tous les modes de responsabilité » ainsi que la « libération immédiate de Laurent Gbagbo ». Il est jugé pour des crimes contre l’humanité présumés commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait des milliers de morts en Côte d’Ivoire.

La défense de Charles Blé Goudé, ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes fidèles à l’ancien président, va formuler également des demandes similaires à celle de Laurent Gbagbo. Charles Blé Goudé est poursuivi pour avoir été à la tête d’hommes qui auraient tué et violé des centaines de personnes dans le but de maintenir le président Gbagbo à la tête du pays. Les deux hommes, dont les affaires ont été jointes en 2015 devant la CPI, sont accusés de quatre chefs de crimes contre l’humanité : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Tous deux ont plaidé non coupables.

En côte d’Ivoire, les partisans de l’ancien président attendent impatiemment sa libération. « Nous sommes sereins et confiants que le président Laurent Gbagbo sera acquitté, libéré et pourra regagner son pays (…). Il a subi une injustice », a déclaré Justin Koua, président de la jeunesse d’une coalition qui regroupe des partis politiques, des associations de la société civile et une partie du Front populaire ivoirien, fondé par Laurent Gbagbo.

À Abidjan, capitale économique du pays, un mouvement créé par Charles Blé Goudé organisera la retransmission en direct de l’audience consacrée à l’Affaire Laurent Gbagbo sur un écran géant, dans un quartier populaire de la ville, notamment dans le fief de l’ancien président et des Jeunes patriotes. L’opposition qui espère assister à « la dernière ligne droite vers l’acquittement » des « leaders » y enverra plusieurs personnalités.

En attendant la dernière décision de la CPI, le gouvernement ivoirien y voit une « tactique d’audience » dans cette demande de non-lieu « extravagante ». Quant aux avocats qui représentent la Côte d’Ivoire, ils ont, dans un communiqué, déclaré : « L’ancien chef de l’État ivoirien se prépare à demander un non-lieu avant même que le procès soit achevé et que les témoins de la défense aient été entendus. C’est un coup de bluff qui n’abusera personne ».

Notons pour rappel que les violences en Côte d’Ivoire, nées du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu vainqueur de la présidentielle de 2010, ont fait plus de trois mille morts en cinq mois, précisément entre le mois de décembre de la même année et avril 2011. Cette crise, émaillée d’exactions perpétrées par les deux camps, a paralysé pendant plusieurs mois le pays, premier producteur mondial de cacao et moteur économique de l’Afrique de l’ouest.

Si la libération de Laurent Gbagbo pouvait se concrétiser, il sera très heureux de rejoindre sa femme Simone, libérée en août dernier après sept ans de détention. Elle a bénéficié d’une amnistie du président Ouattara, alors qu’elle purgeait une peine de vingt ans de prison dans son pays pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » prononcée en 2015.

Nestor N'Gampoula

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