Crise centrafricaine : près de 57% de réfugiés en insécurité alimentaire dans la Likouala

Jeudi 12 Juin 2014 - 18:31

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Selon une enquête-ménage conjointe menée par les représentations nationales du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en République du Congo, la situation des déplacés de la crise centrafricaine est préoccupante dans le nord-Congo et nécessite des ressources additionnelles

Arrivés au Congo depuis quelques mois, la situation alimentaire des réfugiés de la République centrafricaine ne cesse de se dégrader dans le département de la Likouala, pour les humanitaires. Le nombre actuel de ces déplacés est estimé à environ 16.000 et pourrait atteindre 20.000 d’ici à la fin de l’année. « 56,8% des ménages des réfugiés centrafricains dans la Likouala sont en insécurité alimentaire dont 10,3% en insécurité sévère. Les ménages ont, pour une grande partie (57,2%) une consommation pauvre ou limite, mais ils ont également épuisé beaucoup des ressources et capitaux sur lesquels ils pourraient se fonder pour survivre : 74,7% adoptent ou ont adopté, des stratégies d’urgence telles que l’utilisation de leurs économies, consommer des poubelles, mendier ou des activités illégales. Ces ménages se trouvent dans une condition de vulnérabilité et dépendent de l’assistance pour leur survie », indiquent les résultats de l’évaluation conjointe présentée le 12 juin au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération.

Bien qu’une partie (36,8%) s’engage dans le petit commerce, poursuit l’étude, les opportunités de générer un revenu et d’être autosuffisant sont peu nombreuses. « L’analyse de la consommation alimentaire montre que seulement 42,2% des ménages ont une alimentation acceptable : les groupes de consommation alimentaire pauvre (31,2%) et limite (26%) ont des lacunes en termes de consommation de calories, protéines et micronutriments. »

D’après le PAM et le HCR, l’afflux de réfugiés de la RCA au Congo est moins important que dans les autres pays voisins. Mais la pression démographique des réfugiés sur la population locale de la Likouala se fait déjà sentir, en particulier sur le marché de Bétou.

Les bailleurs de fonds invités à honorer leurs engagements

La session de restitution des résultats de cette enquête a réuni les représentants de plusieurs pays, organismes internationaux et le gouvernement congolais, représenté par la directrice de cabinet de la ministre des Affaires sociales, de l’Action humanitaire et de la Solidarité, Marie-Céline Tchissambou-Bayonne. C’est ainsi que les participants ont lancé un appel à la communauté internationale, notamment les bailleurs de fonds, pour des ressources additionnelles. Rappelant les missions du HCR, son représentant au Congo, Ibrahim Traoré, représentant du HCR au Congo, pense que le moment est venu pour examiner cette situation. « Les réfugiés centrafricains sont venus au Congo depuis mars, il était temps qu’on fasse le point pour voir l’état de la sécurité alimentaire, malheureusement cet état n’est pas du tout bon. Nous en avons profité pour lancer un appel à nos bailleurs pour des ressources additionnelles afin que les besoins de ces personnes puissent être couverts », a-t-il indiqué.

La représentante du gouvernement congolais s’est, de son côté, réjouie de l’appel lancé à l’endroit de la communauté internationale afin qu’elle puisse continuer à apporter de l’aide non seulement au Congo mais également à tous les pays limitrophes de la République centrafricaine. « La bonne nouvelle pour nous, c’est l’appel global. Nous avons demandé aux bailleurs de venir en aide car, sur les 100% des fonds qui ont été prévus par la communauté internationale pour aider les réfugiés centrafricains au Congo, il y a à peine 19% qui ont été débloqués. Si la communauté internationale peut encore faire des efforts pour apporter les 81% restants, ce serait un grand soulagement pour nous, surtout pour les populations touchées. Pas seulement les réfugiés, mais aussi pour les populations locales qui ont accepté de recevoir leurs frères », a conclu Marie-Céline Tchissambou-Bayonne.

Rappelons que cette enquête-ménage, qui porte sur un échantillon de 285 ménages, a été réalisée grâce à l’appui du gouvernement congolais, du 10 au 22 avril 2014.

 

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

photo 1 : Le présidium des travaux. photo 2 : Les participants à la session de restitution des résultats. crédit photo Adiac