Crise des matières premières : baisse des devises étrangères, un danger potentiel pour l’économie

Jeudi 11 Août 2016 - 20:55

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Le 10 août, lors d'un colloque organisé à la Foire internationale de Kinshasa (Fikin), la direction générale du géant minier de la nouvelle province de l’Ituri, en l'occurrence la Société minière de Kilo Moto (Sokimo), a confirmé les difficultés pour son entreprise d'importer des intrants et pièces de rechange à cause d’un manque criant de devises étrangères. Depuis le ralentissement de l'économie mondiale, principalement chinoise, l’activité minière est l’un des secteurs les plus touchés du pays. Les répercussions de la crise mondiale sont, notamment, une baisse de l’entrée des devises étrangères.

En son temps, pour faire face justement aux effets néfastes de la chute des cours des matières premières, les autorités congolaises ont arrêté un certain nombre de mesures dont un contrôle plus rigoureux des sorties de devises étrangères. Au-delà, il y a eu aussi la réduction du train de vie des institutions et même le vote d’un collectif budgétaire. Globalement, le gouvernement a mis en oeuvre 28 mesures gouvernementales pour redémarrer une économie en panne, après plusieurs années consécutives de croissance positive. Profitant de la 7e édition du colloque du secteur minier congolais à la Fikin, les dirigeants de la Sokimo ont évoqué une situation pénible liée au manque des devises.  En effet, selon eux, il faut des réponses durables à plusieurs maux qui rongent le développement de la Sokimo et même le secteur minier dans son ensemble, notamment la détérioration des voies de communication, l’épuisement des gisements et la vétusté de l’usine de traitement. Comme pour les autres opérateurs, la Sokimo est en train de mettre en œuvre un plan d’investissement pour arriver à relancer ses activités mais la tâche est loin d'être aisée.

Après des cas de chute de la valeur de la monnaie dans plusieurs pays miniers de la sous-région, la baisse continue des devises étrangères est une situation prise très au sérieux par les experts d’autant plus que l’économie congolaise est « dollarisée ». Mieux, plus de 80 % des transactions bancaires se font en dollars américains. L’on comprend dès lors les mesures strictes d’encadrement des importations, une source potentielle de sortie de devises. En effet, certains pays voisins dont les économies sont actuellement en difficulté avec la chute des cours des matières premières, viennent avec des produits de première nécessité en RDC pour renflouer leur matelas de devises. D'autre part, pensent les experts, la solution pour le pays n’est pas que de garder le maximum de devises à travers un protectionnisme non soutenu d'ailleurs par une production intérieure. Il faut plutôt produire ces devises, note un expert, en diversifiant les ressources et en contrôlant mieux les recettes fiscales, administratives, domaniales et douanières. L’une des pistes est d’identifier des vrais projets porteurs.

Au cours du colloque minier de la Fikin, le ministère des Mines a proposé de s’intéresser aux secteurs primaires et tertiaires capables, selon lui, de soutenir l’économie nationale en cas de vulnérabilité. Plusieurs études ont confirmé la montée des PME tout autour du secteur minier en pleine expansion ces dernières années. Selon leurs auteurs, ces PME qui gravitent autour des entreprises minières, peuvent constituer une base solide pour orienter autrement l’économie nationale. Malgré la baisse des cours mondiaux, les mines demeurent le moteur de la croissance congolaise.

Pour sa part, le ministère des Mines croit en un secteur minier intégrateur et capable de jouer un rôle moteur dans la diversification de l’économie nationale. Mais il faut des stratégies alternatives concrètes. Des intervenants au débat ont préconisé notamment le réinvestissement des dividendes du secteur minier dans l’agriculture et l’élevage. Selon eux, il faut craindre que la compression des ressources budgétaires et l’inflation ne puissent constituer finalement un goulot d’étranglement pour le développement du secteur minier.

Laurent Essolomwa

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