Crise du carburant : une trêve très fragile

Mardi 5 Septembre 2017 - 19:15

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La commission technique réunissant en son sein les différents intervenants du secteur pétrolier a démarré, le 5 septembre, les discussions sur les détails de la solution définitive au conflit qui oppose le gouvernement de la République aux sociétés pétrolières. Pour résoudre durablement cette crise, les autorités congolaises devront opérer un choix difficile entre la hausse du prix du litre à la pompe ou l’actualisation du taux de change.

Même si des voix s’élèvent pour parler d’une réunion de la dernière chance, l’issue des pourparlers qui ont démarré ce mardi reste un grand mystère. En effet, la seule certitude au stade actuel est la marge de manœuvre réduite du Gouvernement central pour normaliser la vente du carburant. Lors de sa dernière sortie médiatique, le ministre de l’Économie nationale, Joseph Kapika, s’est opposé ouvertement à toute hausse du prix du litre à la pompe. Selon lui, avec la dégradation du cadre macro-économique depuis la seconde moitié de 2015, toute hausse d’un produit aussi stratégie que l'essence ou le gazoil peut s’avérer un choix dramatique pour le pays et un poids sur les efforts de stabilisation de l'économie nationale. Rappelant que la rubrique "transport" intervient jusqu’à 60 % dans la fixation du prix final d’un produit. Aussi toute hausse du litre de carburant en cette période très volatile aura-t-elle des effets incalculables sur les prix intérieurs.

Les ministres de l’Économie, des Finances et des Hydrocarbures ont amorcé, le 4 sepembre, les discussions avec les sociétés pétrolières sur la problématique du prix du carburant, au regard de la fluctuation du taux de change. À cette occasion, une décision a été prise de créer une commission technique pour statuer sur les détails. Les sociétés pétrolières obtiennent ainsi gain de cause sur un aspect important de leurs revendications mais rien n'est gagné, du moins à ce stade. Il s'agit « de discussions franches et directes », a insisté Joseph kapika. Ce dernier se montre plutôt optimiste. « Nous sommes dans le bon, nous avons signé la paix », a-t-il dit.

Enjeux et défis

Les pétroliers suggèrent une actualisation du taux de change qui varie actuellement entre 1 550 et 1 600 FC pour un dollar américain. Seulement voilà, le taux indiqué dans la structure officielle des prix du carburant à la pompe est de 1 380 FC le dollar. Un tel écart pose un sérieux problème lors du renouvellement des stocks. Il se trouve que le litre de carburant est vendu sur l'étendue du territoire national en franc congolais, une monnaie en situation défavorable face à la devise américaine. Les produits pétroliers sont importés pour être commercialisés localement. Avec la pénurie des devises étrangères à la suite de la crise économique, les sociétés pétrolières sont contraintes de s’approvisionner sur le marché de change, parfois au prix fort faute de devises suffisantes dans le système bancaire. Sur ce point précis, le gouvernement central a rappelé les efforts consentis pour mettre à leur disposition des devises étrangères à des taux plus bas. De plus, a rappelé cette fois un expert, il y a un certain cycle que l’on observe dans le fonctionnement normal des sociétés pétrolières. Celles-ci se réapprovisionnent directement en produits pétroliers juste après la vente. Ce qui réduit les chocs liés à la volatilité du marché de change.    

Différents arguments et contre agruments sont avancés mais le débat ne tourne pas sur les responsabilités à dégager. En effet, l’enjeu essentiel tourne autour de l’urgence de réajuster le prix du litre à la pompe au taux du jour ou de mettre à la disposition des sociétés pétrolières plus de devises au taux indiqué pour soutenir leur trésorerie. Il reviendra à la commission technique de statuer sur les différentes propositions pour apporter des solutions durables à la sécurité et l’approvisionnement du pays en carburant. Du côté des sociétés pétrolières, l’on se veut également optimiste sur l’issue des discussions en cours. Elles ont confirmé des contacts en cours avec leurs fournisseurs pour arriver à les rassurer de leur solvabilité. Entre-temps, sur le terrain, la vente du carburant dans les stations-service tend à se normaliser après cinq jours de perturbations.

Laurent Essolomwa

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