Crise politique en RDC : L’UA tente de jouer sa partition

Lundi 2 Octobre 2017 - 21:19

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Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) s’est, dans le cadre des consultations qu’il a entamées le week-end dernier avec les acteurs politiques et de la société civile à Kinshasa, forgé une réelle conviction par rapport à la situation politique en RDC à trois mois de la tenue hypothétique des élections selon l’accord de la Saint-Sylvestre.    

De passage récent à Kinshasa, le président de la Commission de l'UA a eu des séances de travail très intenses avec les différents protagonistes de la scène politique congolaise. Le but de l’arrivée en RDC de Moussa Fataki était de chercher une voie d’issue à l’impasse politique qui tend de nouveau à s’installer en RDC avec, à la clé, l’impossibilité d’organiser les élections d’ci décembre 2017 conformément à l’accord de la Saint-Sylvestre dont l’application intégrale demeure encore sujette à caution. Il lui fallait écouter toutes les tendances (opposition, majorité et société civile) pour se faire une religion sur la situation politique en RDC.   

Les dès sont, pour ainsi dire, jetés dès lors que le délai de 90 jours prévu par la loi pour convoquer le corps électoral est dépassé. De sorte qu’aujourd’hui, il ne reste plus que trois mois pour tout régler, à savoir organiser les trois scrutins présidentiels, législatifs et provinciaux. Techniquement, il paraît illusoire voire chimérique de  croire à un possible rattrapage du temps perdu lorsqu’on sait que les opérations d’enrôlement dans le Kasaï entamées, il y a peu, devront s’étirer jusque début décembre. À cela s’ajoute le retard dans l’adoption au Parlement de la loi électorale modifiée, de la loi portant répartition des sièges et de la loi organique portant fonctionnement du Conseil national de suivi de l’accord du 31 décembre (CNSA).  

Face à l‘impossibilité de tenir l’échéance du 31 décembre pour organiser lesdites élections, l’accord du 31 décembre 2016 offre néanmoins une piste de solution permettant aux trois institutions phares du processus électoral, à savoir la Céni, le CNSA et le gouvernement, « d’apprécier consensuellement le temps nécessaire pour le parachèvement desdites élections ». Ce mécanisme permet de prolonger de quelques mois la tenue des élections. Mais le hiatus dans tout ceci est que le Rassemblement de l’opposition (Limete) réfute toute idée d’une transition avec Joseph Kabila qui, de son point de vue, ne devrait pas être partie prenante. Une approche que ne partage pas la majorité présidentielle qui, prenant appui sur l’arrêt de la Cour constitutionnelle en interprétation de l’article 70 de la Constitution relatif à la fin du mandat du chef de l’ État, soutient que ce dernier restera bien en poste jusqu’au passage de témoin avec le nouveau président élu.

Vivement un calendrier électoral ! 

L’absence d’élections en décembre 2017 replongera à coup sûr la RDC dans une spirale d’incertitudes avec des institutions hors mandat ne jouissant d’aucune légitimité. En attendant la tripartite Céni-gouvernement- CNSA censée évaluer le processus électoral et éclairer la lanterne des Congolais par rapport à l’avenir immédiat de leur pays, l’UA tente de jouer sa partition en essayant de concilier les vues pour un atterrissage en douceur du processus électoral. Le moins qu’on puisse dire de la visite de Moussa Fataki à Kinshasa est que les lignes n’ont pas véritablement bougé.

Au Rassop/Limete, on reste catégorique. Non seulement que la plus importante plate-forme de l’opposition refuse toute nouvelle négociation politique mais en plus réitère sa position de voir l’actuel chef de l’État quitter son perchoir d’ici le 31 décembre prochain « qu’il y ait élections ou pas ». Pour ce regroupement politique, seule une transition sans Kabila est une option viable. Ce qui donnerait lieu à la mise en place « d’un gouvernement de transition dirigée par des Congolais intègres et compétents ayant pour mission essentielle d'organiser les élections crédibles, de favoriser l'alternance démocratique et de permettre le retour à l'ordre constitutionnel ». Aussi les animateurs de cette transition ne participeront-ils pas aux élections post-transition, soutient-on.

Devant le président de la Commission africaine de l’UA qui les a reçus le 30 septembre à Kinshasa, les responsables du Rassop/Limete ont réitéré cette position non sans rechigner dans les coulisses, sur la médiation qui, lentement mais sûrement, se met en place sous l’égide de l’UA. Certains cadres de cette plate-forme ont vu en la présence de la délégation de l’UA à Kinshasa une manière sournoise de chercher à arracher un sursis en faveur de Joseph Kabila. « C’est à l’ONU de reprendre l’initiative en vue d’imposer un nouveau rythme dans la recherche de nouvelles pistes de sortie de crise en RDC », entend-on dire.

 Une chose est vraie, ce que l’urgence de publier illico presto un calendrier électoral pour que les Congolais puissent mieux se projeter par rapport à l’avenir politique immédiat de leur pays s’impose. Tout le monde s'accorde à le dire, y compris l’UA qui adhère à ce qui passe pour une évidence : il faut un calendrier électoral au plus vite pour que les Congolais puissent entrevoir, dans les meilleurs délais, l'horizon d'une alternance démocratique.      

 

 

Alain Diasso

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