Croissance : la RDC, un « pays en crise »

Mercredi 1 Février 2017 - 19:05

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La quatrième édition du Rapport de suivi de la situation économique et financière de la RDC publiée par la Banque mondiale (BM) éclaire l’opinion sur l’impact de la crise économique qui frappe le pays dans un contexte politique particulier de son histoire. Comme pour le reste de l’Afrique minière, la cause générale de la crise, ont insisté les experts de cette institution, est la chute des cours des matières premières et le ralentissement de la croissance de la Chine qui absorbait environ 40 % des exportations minières congolaises.

Pour le directeur des Opérations de la BM pour les deux Congo, Ahmadou Moustapha Ndiaye, les autorités congolaises n’ont pas d’autre choix que de mettre en œuvre des politiques qui renforcent la résilience de l’économie congolaise. En effet, la BM parle d’une « crise profonde et même durable » à laquelle la RDC doit mieux se préparer. Selon l’institution de Bretton Woods, le super-cycle minier marqué par des croissances de 7 % en moyenne entre 2010 et 2015 fait partie désormais du passé. Après l’accélération du ralentissement de la croissance l’année passée, 2017 se présente déjà comme une année difficile. Toutefois, le taux de croissance démographique se situe toujours à 3 %. Cette situation va continuer à fragiliser le pays et augmenter le nombre de pauvres. L’inflation est passée de 1 % en janvier 2016 à 11 % à la fin de l’année. Et les conséquences ont été, entre autres, la dépréciation du taux de change, la chute des recettes publiques, le ralentissement des réformes, la baisse des réserves et l’envolée des prix du ciment. La BM parle également d’une série de chocs dont celui en rapport à la balance de paiement, de l’injection successive des liquidités et d’une montée des anticipations qui se traduit concrètement par une volonté de la population de se constituer une épargne en devises étrangères.

En 2017, la croissance devrait rebondir à 4 % (contre 2,5 % en 2016) et pourquoi pas 6 % en 2018. Tout est possible mais il y a des défis importants à relever pour le pays. Cette question est d’autant plus cruciale que la Chine semble désormais orienter autrement son modèle de développement qui mettra un accent particulier sur la consommation intérieure. Après le Brexit et le protectionnisme de l’administration Trump, le monde est en train d’évoluer.  Et l’Afrique en général et la RDC en particulier doivent réfléchir sur les moyens à la diversification leurs économies. Il est impensable que la RDC continue à ne dépendre que d’une seule ressource minière : le cuivre.

Selon la BM, le défi immédiat pour le pays est la réduction de l’incertitude politique et l’atténuation des déséquilibres du cadre macro-économique. Le pays pourrait opter pour la mise en œuvre d’un programme avec le Fonds monétaire international dans le but de disposer des appuis budgétaires. Mais cette piste ne pourrait apporter une solution durable face à la crise profonde que vit le pays. Il est important de chercher plutôt à maximiser les recettes fiscales et réaliser certaines réformes importantes dont celle du Code minier pour augmenter les revenus miniers. Par ailleurs, si la réduction des dépenses est une mesure automatique pour faire face à ces déséquilibres du cadre macro-économique, le risque, s’inquiète la BM, est la baisse du budget des investissements souvent sacrifiés. Cela va compromettre les efforts de relance de l’économie. La RDC peut songer à mettre en place un fonds de stabilisation, soutient la BM. Enfin, la question de la gouvernance reste un sujet important pour les ambitions futures du pays. Nous y reviendrons.

Laurent Essolomwa

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